Un article pour ceux qui aiment parler, vendre ou acheter de la pub sur Facebook. Histoire de remettre les pendules sociales à l’heure de l’internet.
Hier soir, Veritasium (je recommande) a mis en ligne une vidéo très pédagogique expliquant très clairement que 1) acheter du like sur Facebook ne fera pas monter votre « engagement » au contraire et 2) acheter du Facebook Ad pour augmenter vos likes aura à peu près la même conséquence que le 1.
Voilà la vidéo ci-dessous (qui devrait beuzer auprès de ceux qui ne vendent pas du Facebook au kilo). Et une exégèse plus bas.
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=oVfHeWTKjag#t=529[/youtube]
1- Acheter du like sur Facebook n’est pas bon pour votre « engagement »
Vous connaissez ma position : acheter du like (ou du followers) est tout d’abord une tromperie morale. Mais Veritasium nous explique en plus que l’achat de like vous fait descendre votre taux d’engagement.
Imaginez que vous avez une communauté réelle de 1250 « likers » -des gens qui vous aiment quoi – alors ils vont parler avec vous, apprécier et partager votre « brand content » acheté à prix d’or à votre agence, ou réalisé pour des clopinettes par votre stagiaire CM (le résultat peut être le même, personne n’a trouvé la formule magique sauf celle avec des chats). Bref, vous animez votre communauté qui vous le rend bien ou pas en fonction de votre niveau d’animation. Mais au moins, elle est là parce qu’elle aime bien votre marque.
Maintenant, injectez 20 000 faux likes (via achat ou manipulation du genre jeu-concours). Vous voilà avec une communauté de 21 250 « likers » qui ne fera pas plus de bruit que quand elle était 1250. Au contraire, elle en fera moins car elle ne bénéficiera plus de l’effet « entre soi » qui peut être extrêmement bénéfique pour une marque. Du coup, vos likers vont hésiter à prendre la parole, et ceux qui vont le faire n’auront souvent rien à faire là. Et puis, pour animer une communauté comme ça il faudrait que votre community manager parle égyptien ou philippin, et c’est dur à trouver ça (ceci dit, un CM Philippin coûte jusqu’à 2000 fois moins cher qu’un CM Français, si c’est pas du ROI, ça mon pote).
En conclusion, acheter du like (ou du follower) c’est :
- Mettre des bâtons dans les roues dans l’animation de votre communauté
- Ne pas profiter du potentiel de votre communauté Facebook (ou autre)
- Planter votre communauté sur du long terme
Ces « stratégies » imbéciles sont soit vendues par des agences qui veulent faire du oneshot chez des annonceurs crédules, soit réalisées par des agences contraintes par des annonceurs idiots de faire du ROI Facebook sur du nombre de like.
Dans les deux cas, c’est la responsabilité de l’annonceur (qui n’avait qu’à bosser avec de bonnes agences ou de bons cabinets de conseil). L’agence, elle, se contentant de vendre – c’est son travail.
2- Acheter du Facebook Ads pour augmenter vos likes n’est pas bon non plus
Mais là où la vidéo de Veritasium tape fort, c’est dans la dénonciation de l’utilisation des Facebook Ads. Pour promouvoir une page sans intérêt (avec une photo de chat), il a en effet acheté 10 $ de Facebook Ads ciblés sur de « vrais » profils (or Philippines, et autres pays ). Il a alors découvert que les faux likes (les likes qui ne servent à rien), viennent de n’importe où dans le monde (Canada, US, UK, Australie, …).
Ces faux like servant à ces comptes de spammeurs ou de bots (les fermes à clics – clicks farms) de s’officialiser (sinon ils se font dégager par Facebook). Car Facebook, le spammeur sera toujours plus fort que toi (ou que Google).
On comprend mieux la comment le Département d’Etat Américain peut dépenser 630 000 $ pour s’acheter 2 millions de likes pour sa page et n’avoir que 2% d’engagement (cf. IG report: State Department spent $630,000 to increase Facebook ‘likes’).
Ne riez pas, ce serait intéressant d’avoir des audits sur les dépenses Facebook Ads de l’état français…
3- Pire vous pouvez récupérer de faux like sans les acheter
Et oui, les pages qui se trouvent dans la section de Facebook « International Suggested Pages » sont des proies pour les fermes à clics pour éviter de se faire prendre. Lisez Likes or lies? How perfectly honest businesses can be overrun by Facebook spammers pour vous en convaincre.
Avouez que là, ça devient gênant. Se retrouver avec un service web qui vous génère de faux « fans » (on dit « likes » maintenant, ça se voit moins) sans que vous demandiez quoi que ce soit. Seulement ce n’est pas Facebook qui va vous renseigner là-dessus.
Soyez plus forts que Facebook
Car la démonstration de Veritasium est éclatante : Facebook ADS est de la publicité vue en partie par des spammeurs ou des bots. Et donc, que les revenus de Facebook sont basés sur des faux likes = de la fausse pub.
Cela pose 3 problèmes évidents pour les annonceurs :
- Dans quelle mesure l’annonceur peut avoir confiance dans un service web ? Personnellement je dirais que l’annonceur ne doit avoir aucune confiance dans un service web conçu dans un environnement ultraliberaliste (Silicon valley, Chine, start-up, etc.). En revanche il peut tout à fait avoir confiance dans les standards de web et autres organismes qui sont là pour la pérennité d’internet.
- Dans quelle mesure l’annonceur peut ROIser l’engagement de sa communauté? Réponse : ce sera sur du long terme. Ceux qui vous vendent ça en moins d’un an sont des truands.
- Dans quelle mesure l’annonceur peut avoir confiance dans son agence média ou pub qui lui a vendu du Facebook ? J’en ai souvent parlé sur ce blog mais l’agence n’y est pour rien. Ce n’est pas l’agence qui va remettre en question le brief du client. Ce n’est pas l’agence qui va dire au directeur marketing qui veut ROIser son Facebook en 6 mois qu’il n’y arrivera pas. Non, l’agence ne peut pas perdre son client… Le problème c’est chez l’annonceur.
Alors comment faire pour retrouver la confiance dans son agence ?
J’ai adoré suivre la découverte des réseaux sociaux par la publicité. En 2007, quand je parlais de Facebook, les annonceurs ne comprenaient pas, et les agences encore moins. 6 ans après c’est le passage obligé de presque toutes les stratégies digitales de marque sans savoir forcément pourquoi.
Cette « communication sociale » est donc quelque chose d’entièrement nouveau (6 ans, c’est récent). Et pourtant les méthodes de communication n’ont pas changées en 6 ans. La plupart des annonceurs gardent leur traditionnel « directeur de la com » qui va faire bosser sa traditionnelle « agence de pub » et son habituelle « agence média ». Alors certes les agences ont incorporées Facebook à la palette de leurs offres. Certes le directeur de la com connait les stats de facebook par coeur (d’ailleurs il a lui-même un compte depuis 2010 c’est dire). Mais il n’y a pas de de changement de fond.
Et pourtant, il s’agit d’un type de communication entièrement nouveau nécessitant des compétences entièrement nouvelles.
Allez voir votre directeur de la com et posez juste quelques questions sur Internet, les bots, le spam, le SEO, et l’histoire d’Internet pour voir si il a le niveau. Si c’est pas le cas, changez en, car c’est lui qui vous achète des likes et qui vous bousille votre marque sur les réseaux.
+1 Chuck
Cet article dresse un tableau bien noir des Facebook Ads.
Faire des posts sponso ciblés sur ses fan pour être sûr qu’ils les voient me semble être une bonne chose.
Des post sponso ciblés sur les fan de ses concurrents et les fan de sujets connexes à sa thématique de marque me semble très efficace pour créer plus de réel engagement.
L’article dénonce des mauvaises pratiques qui ne me semble plus si courantes que ça, j’idéalise peut être un peu?..
Oui, j’ai bien compris que la mode en ce moment sur Facebook c’est les « posts sponso ciblés pour créer de l’engagement ». Moi aussi je l’ai lu partout sur les blogs depuis que Zuckergerg l’a dit.
Mais quel rapport avec l’article ?
(et l’article dénonce les facebook ads, c’est courant comme pratique ça non ?)
Les posts sponso sont un format de facebook ads.
Les facebook ads « colonne de droite » me semble effectivement peut efficace en terme d’engagement. Il faut plus les gérer comme un format display classique destiné à entretenir la notoriété et à générer des ventes. Donc les diriger directement vers une landing page sur le site web plutôt que vers la fanpage, l’objectif n’est pas de générer des likes qui seraient comme tu le soulignes peu qualitatifs.
Après je ne comprend pas pourquoi des bot iraient liker des facebooks ads comme tu l’insinue dans ton article car ne rapporte de l’argent qu’à Facebook, pas à l’auteur du bot. Tu penses à un complot de Facebook pour gonfler ses revenus?
[EDIT] J’avais lu ton article mais pas visionné la vidéo, je comprend mieux, très intéressant :)
Post-Edit : oui forcément, mon article se contente de reprendre la vidéo, c’est compliqué de le comprendre sans la voir.
J’espère que c’est plus clair en le voyant :)
Dommage que ça ne parle pas des posts sponso/page like qui sont finalement les méthodes de recrutement les plus plébiscitées et qui permettent un « meilleur ciblage » puisque ça touche les amis des fans.
Et puis franchement qui achète encore des fans au kilos ?
Autre point, j’ai du mal à à voir comment des philippins peuvent être touchés par des pubs ciblées (par ex en France + langue Fr) ? Car finalement ces gens là ne devraient pas voir ces pubs…
Bof convaincu par cette démonstration.. :s
1/ non cet article ne parle pas des posts sponso. Il n’est pas là pour vendre du facebook
2/ beaucoup de marques / agences achètent des fans au kilos. Qu’elles le sachent ou pas.
3/ les philippins ne sont pas touchés par des pubs ciblés. Tu as mal compris mon propos. Ceci dit, des paramètres de localisation, ça se change…
Franchement, j’ai du mal à voir qui en agence préconise encore des Facebooks Ads. Je trouve ça bizarre juste de se focaliser sur un aspect dépassé de l’offre Facebook.
A mon avis, ce qu’il manque clairement dans la vidéo c’est de savoir quel paramétrage il a fait sur ses pubs. Car 50$ et 70k nouveaux fans, ça fait un coût par fan très bas (ce qui me parait assez louche). Non ? Il y a clairement un parti pris dans la vidéo et la personne ns montre un peu ce qu’il veut.
[je ne suis ps particulièrement pour ce que fait Facebook avec ses pubs, mais là c’est un peu facile son argumentaire. J’ai abandonné la vidéo vers 7min]