Qu’y a t’il de plus jouissif que de voir un « méchant » se prendre la juste récompense des actions passées ?
Chez les égyptiens, Anubis pèse le cœur du méchant pour le comparer avec la plume d’autruche de Maat (déesse de la rectitude, de la conduite morale). Si le cœur pèse plus lourd, alors il a vécu dans le mal et est avalé par Ammout, la grande dévoreuse des âmes impures. Chez les Chrétiens, c’est Saint Michel, le grand ponderator (« peseur »), qui pese l’âme durant la psychostasie pour lui accorder le paradis ou l’enfer. Oui, nous aimons définitivement cette idée du karma, ce sentiment de justice, intimement mêlé avec le plaisir de voir des gens (ici des méchants) se prendre une gamelle (ce qu’on appelle la « Schadenfreude » ou encore la epichairekakia d’Aristote).
Avouez, vous aussi vous avez rit dans Maman j’ai raté l’avion (Home Alone, 1990).
Or, plus que Marv et Harry, si il y a une population qui mérite de se gameler, c’est bien celle des ultra-riches et puissants (*), responsables sinon coupables de notre effondrement inéluctable.
Mais ces ultra-riches vont-ils vraiment recevoir la juste récompense de leurs méfaits ? Que nous raconte la Science-Fiction de la survie de cette population particulière ? C’est le sujet de ce Novfut, spécial survie des ultra-riches.
(*) Avertissement sémantique : tous les riches et puissants ne se valent pas. Il en existe certainement des généreux et altruistes (je n’en connais pas personnellement mais statistiquement c’est probable). Aussi les “ultra-riches” dont je parle dans cet article représentent uniquement ceux qui, dénués de conscience morale, créent leur fortune sur le dos des gens, en les oppressant physiquement, mentalement ou en détruisant leur environnement. Des gens non-fréquentables dont on peut donc allégrement se moquer. Que les riches empathiques, généreux et eco-friendly qui lisent NovFut m’excusent d’avance (et continuent à financer généreusement cette newsletter gratuite).
1- Les riches se préparent à l’effondrement
Évidemment, les ultra-riches ne sont pas (tous) idiots. Et ils ont compris que ça allait moins bien qu’avant. Alors ils prennent leurs précautions. On les appelle les preppers (doomsday preppers), des « préparationnistes » de la fin du monde, déjà présents dans nombre d’œuvres de science-fiction.
Dans 2012, film catastrophe de Roland Emmerich (2012), la terre va être soumise à un bombardement fatal de neutrinos. Mais étant au courant du désastre, un sommet du G8 lance le plan « Cho Ming » dans une vallée du Tibet (où la chine a démocratiquement expropriée la population à coups de fusils). Ce plan consiste en la construction de vaisseaux-bateaux, les arches, dont les places sont vendues à 1 milliard d’euros par personne. Non, il n’y aura pas de place pour tout le monde.
Dans Don’t look up (Adam McKay, 2021) où, après n’avoir absolument rien fait pour éviter une catastrophe inévitable, les très riches et puissants se sauvent dans le vaisseau du techno-milliardaire Bash (cf Novfut sur les génies qui tournent mal). Là, plongés en cryogénie, ils se réveilleront 22 740 ans plus tard, complètement inadaptés pour se faire finalement dévorer par des Brontérocs. Une morale très hollywoodienne : on va tous mourir et les méchants les derniers.
Richmond Valentine est un autre milliardaire génie de la technologie qui, dans Kingsman (2015, Matthew Vaughn), décide de résoudre le problème du dérèglement climatique en diminuant la population humaine. Pour se faire il utilise des cartes SIM spéciales qu’il distribue gratuitement à la population. Celles-ci permettent d’activer les pulsions meurtrières de leurs propriétaires, pendant que Valentine et ses amis se retrouvent dans un bunker à boire du champagne.
Ceci dit, l’idée de tuer une partie de la population humaine pour la sauver n’est pas nouvelle. On la retrouve utilisée par Ozymandias (Watchmen, Alan Moore, 1986) ou encore par Thanos (The Infinity Gauntlet, Jim Starlin, 1991). Mais évidemment, qui peut s’accorder le droit de choisir quelle partie de la population doit disparaitre ? Si ce sont les ultra-riches, ceux-là même qui ont créé la situation, alors ça ne va pas servir à grand chose.
“For them, the future of technology is about only one thing: escape from the rest of us.”
Douglas Rushkoff, Survival of the Richest: Escape Fantasies of the Tech Billionaires
Les preppers ne sont, hélas, pas une invention de la Science-Fiction. Douglas Rushkoff dans Survival of the richest (2019) raconte comment les ultra-riches anticipent l’effondrement progressif de la société et de l’environnement.
Les milliardaires de la technologie ne cherchent pas des solutions pour sauver le monde, mais des solutions pour s’échapper ou éventuellement contrôler la société en cas de conflit.
Par exemple, ils se posent la question de savoir comment ils pourraient contrôler leurs propres forces de sécurité alors que l’argent n’a plus de valeur. Les solutions vont d’équiper les serviteurs d’un collier disciplinaire ou encore arrêter avec les humains pour se faire servir uniquement par des robots. Oui, ce sont bien les gens qui sont reçus en grande pompe à l’Elysée.
Si vous voulez en savoir plus sur les preppers, lisez :
- Un article (traduit en français) de Douglas Rushkoff sur La Spirale
- Un long et passionnant reportage : Quand les ultra-riches se préparent au pire, reportage chez les survivalistes de la Silicon Valley de Evan Osnos. Traduit de l’anglais par Bruno Gendre dans (Revue du Crieur 2017) sur Cairn.
2- Les riches pendant la catastrophe
C’est très bien d’avoir son bunker ou son île déserte, mais quand ça pète, il faut pouvoir la rejoindre.
L’épisode 3 de la formidable série l’Effondrement (par le collectif Les Parasites, 2019) suit Laurent Desmarest (Thibault de Montalembert), riche chef d’entreprise, prévenu par son assurance qu’il a 15 minutes pour se retrouver à un aérodrome et prendre un avion pour l’évacuer vers son île d’ultra-riche. Laurent va alors tout faire pour être à l’heure, virant sa maitresse mais gardant son Van Gogh (chacun ses priorités). Une bien belle image de l’élite sociale et intellectuelle, prête à se comporter comme la pire des raclures pour assurer sa survie.
Dans l’épisode 7 c’est la femme du protagoniste précédent, Sofia Desmarest (Lubna Azabal) qui cherche également à atteindre l’île refuge des ultra-riches. Cette ancienne ministre de l’écologie française qui niait 6 mois plus tôt devant les caméras la moindre possibilité d’un effondrement, tente maintenant de rejoindre la fameuse île des privilégiés protégées par des drones armés.
[spoiler:] Après bien des mésaventures, elle arrive à rentrer dans l’île. La morale et notre sentiment de la justice est bafoué. Peut-être que le karma n’existe pas (dans cette vie).
Une autre thématique qui se développe de plus en plus dans les fictions est celle du riche confronté à la maladie ou la mort prochaine, prêt à tout pour survivre encore quelques temps.
Dans la série Altes Geld (2015), Udo Kier est un industriel milliardaire qui va mourir dans un an sans un nouveau foie. Il va donc charger ses descendants de lui en trouver un contre l’héritage. Évidemment ses descendants, vont royalement s’entredéchirer. C’est beau la famille.
Un peu la même idée dans The Childe (Park Hoon-jung, 2023), en version arts martiaux et violence, où un patriarche milliardaire, arrivant en bout de course, charge son équipe de retrouver son fils « bâtard » pour le transformer en ferme à organes. Baston, violence, cynisme et égocentrisme nous montre une société Coréenne où tout s’achète quand on est en haut de la pyramide sociale. Hélas pas de la SF.
John Boyd en parlait déjà dans The Organ Bank Farm (1970), où après une pandémie mondiale, le héros doit s’occuper d’un groupe d’enfants. Il s’aperçoit que ceux-ci vont être utilisés comme donneurs d’organe pour les riches et puissants.
On peut citer aussi l’exceptionnelle série coréenne Bargain : le prix à payer (Jeon Sung-woo, 2022) où un sale client venu consommer avec une prostituée mineure se retrouve attaché et ses organes mis aux enchères. Au moment où il va se faire découper, l’immeuble s’effondre… Une série de genre, très fun, que je vous recommande chaudement.
Ceci dit le trafic d’organes n’est pas un sujet nouveau (on peut remonter au 19e à l’histoire de Burke et Hare qui a donné lieu à quelques films truculents). Mais la réalité est hélas là : certains riches, face à la mort, n’hésitent pas à sacrifier d’autres humains.
Conclusion : mieux vaut ne pas fréquenter les riches en cas d’effondrement prochain de la civilisation.
3- Les riches survivent entre eux
D’ailleurs ça y est, l’effondrement a eu lieu. Les ultra-riches se sont réfugiés dans leur terrier, leur bunker ou leur île. Mais comment vivre uniquement entouré d’autres ultra-riches ?
Bunker palace hôtel (Bilal et Christin, 1989) raconte le huit-clos de riches dignitaires d’un pays de l’Est inconnu réfugié dans un palace luxueux qui fait également office de bunker car la révolte gronde à l’extérieur. Tout est triste, grisâtre, glauque, lent (et chiant – j’avoue m’y être ennuyé comme Trintignant dans un salon de coiffure). C’est clairement pas la joie chez les puissants. Mais alors à quoi bon devenir puissant ?
La saison Apocalypse de la série American Horror Story (2018) commence par une journée normale pour une influenceuse ultra-riche qui se fait coiffer dans un salon à la mode. Soudain, tous les portables sonnent en même temps. C’est une crise nucléaire mondial et Los Angeles va se faire rayer de la carte. A partir de ce moment, c’est la course pour atteindre le jet qui va les emmener au refuge de riche. Les priorités s’affinent (l’influenceuse devra choisir entre son coiffeur et son petit copain, elle choisira le premier). Finalement, arrivés dans le refuge, les protagonistes apprennent qu’il y a des « purple », l’élite, les riches, ceux qui sont choisis pour survivre et les gris, les travailleurs, qui doivent servir avec reconnaissance, sinon c’est la porte (et les radiations). Ouf, les riches ne seront pas obligés de faire la cuisine.
Évidemment nous sommes dans American Horreur Story, où l’horreur surnaturelle côtoie l’horreur humaine. Et les protagonistes vont nous montrer que l’égoïsme et l’égocentrisme de ces ultra-riches ne conduit qu’à faire le jeu de Satan qui ne veut que des âmes sales et corrompues. Ca tombe bien, ces ultra-riches ne sont que ça.
Dans Rocky dernier rivage (Thomas Gunzig, 2023), Fred, milliardaire égoïste, a tout prévu en cas d’effondrement grâce à Safety for life, une agence spécialisée pour créer des sanctuaires sécurisés pour riches. Ainsi son île est suréquipée, nourriture, énergie (hydraulique, éolienne, solaire), culture (50 To de films, musique et ebooks), santé (des médocs) et vêtements de rechange. Et le jour où l’effondrement arrive, Fred le malin se retrouve sur son île avec sa femme et ses deux enfants, et même deux domestiques parce qu’on va pas débarrasser la vaisselle soi-même. Mais les riches peuvent-ils vivre seuls avec uniquement deux domestiques ? Ce roman nous raconte que non (il leur faudrait certainement beaucoup plus de domestiques pour être heureux).
Bref, les ultra-riches ne peuvent pas vivre uniquement entre eux. Ils ont besoin d’autres gens, ne serait-ce que pour montrer qu’ils sont privilégiés.
4- Après la cata, les riches reproduisent les inégalités
Voilà, le pire est arrivé : la troisième guerre mondiale, l’invasion de l’Europe par la Chine ou la Russie (cf NovFut guerre du futur) voire même la victoire d’Hanouna aux prochaines élections présidentielles. Bref, la fin est arrivée et maintenant les riches et puissants réorganisent ce qui reste de la société.
Dans la bande dessinée Transperceneige (Lob, 1982), après un cataclysme climatique, les survivants se sont réfugiés dans un train gigantesque condamné à rouler éternellement. Les pauvres sont relégués à l’arrière tandis que les riches aristocrates vivent à l’avant dans des wagons dorés. Proloff, le héros va remonter tous les wagons pour avoir les réponses à ses questions, découvrant la programmation de la reproduction des inégalités de cette société inique.
Évidemment, ce train qui ne s’arrête jamais est une métaphore critique de notre société de la consommation et son injection de continuer sous peine d’effondrement, tout en accentuant les inégalités entre les puissants riches et les pauvres.
Transperceneige a été adapté en film en 2013 (Snowpiercer, le Transperceneige; Bong Joon-ho) et en une série TV en 2018 (Josh Friedman, TNT) qui compte déjà 3 saisons.
Cette reproduction des inégalités est évidente dans le formidable manga Alita Battle Angel où Zalem (ザレム), la cité des élites splendide et inaccessible domine le reste de la population qui vit dans ses poubelles et qui pourtant la fournit en recyclant ses déchets.
Mais tout n’est pas rose à Zalem car si ses habitants peuvent faire l’amour, ils n’ont pas le droit de se reproduire naturellement. Par ailleurs ils sont contrôlés pour éviter que des pensées néfastes ne contaminent la société. Une véritable prison dorée quoi.
On trouve le même genre de concept dans le film Elysium (Neil Blomkamp, 2013) où au XXIIe siècle, les riches vivent dans une station spatiale belle et propre pendant que le reste de la Terre s’écroule sous la maladie, la pollution, la surpopulation, et surtout la reproduction inéluctable des inégalités sociales.
Dans Ferrailleurs des mers (Ship Breaker, Paolo Bacigalupi), Nailer est un « léger ». C’est à dire qu’il est suffisamment jeune et maigre pour se faufiler dans les coursives de cargos échoués afin de récupérer des résidus de métaux, risquant sa vie tous les jours pour avoir à peine de quoi survivre.
Il apporte ainsi sa maigre cargaison à des surveillants violents et abusifs qui eux-même les font remonter jusqu’à l’usine de recyclage pour que de riches organisations les transforment en nouveaux bateaux plus modernes. Le système d’exploitation habituel des pauvres, forcés à rester analphabètes et exploités génération après génération par toute une chaine de profiteurs jusqu’au ultra-riches vivant dans un luxe inouï. Sauf que cette fois, les pauvres ne sont pas à l’autre bout du monde, mais sur la cote américaine du golfe du Mexique, où le dérèglement climatique a fait monter les eaux et engloutit des villes entières.
Il est intéressant de voir que la Science-Fiction s’intéresse plus ou moins frontalement à l’idée de cette destruction du capital culturel (Bourdieu et Passeron, 1970) par les puissants pour conserver leurs prérogatives. C’est le cas des habitants du bunker de la série Silo (série TV, Graham Yost, 2023 ou roman de Hugh Howey, 2012) qui, ont oublié peu à peu leur histoire et leur culture pour laisser le pouvoir aux élites.
C’est simple, pour contrôler les masses, rendez-les idiotes (faites leur regarder Hanouna, Cnews et TikTok). On retrouve l’aboutissement de ce principe dans Stargate (Roland Emmerich, 1994), où Râ, un extra-terrestre Goa’uld, se fait passer pour un dieu auprès de la population de la planète désertique Abydos qui a interdiction de lire et d’écrire.
La population a ainsi oublié son histoire, et notamment ses origines terriennes. Ne reste que la peur (ou l’admiration) du souverain-dieu. Une destruction progressive du capital culturel, qu’on ne voit guère aujourd’hui que dans les bureaux de l’éducation nationale française.
D’ailleurs en parlant de Stargate, je me suis toujours demandé si la comparaison entre les travailleurs égyptiens de la première scène des fouilles de Gizeh en 1928 et la scène où l’on voit les mineurs esclaves de Râ sur la planète Abydos était volontaire. Parce qu’on peut clairement faire un parallèle entre les pratiques des Goa’uld et notre passé colonial. Oui, nous aussi nous avons asservi des peuples pour leurs richesses, et les ultra-riches continuent d’ailleurs.
Conclusion : sans culture, plus d’équité, sans partage, plus de société
La science-fiction n’est pas sympa avec les ultra-riches et puissants. D’abord, leur empressement à fuir les conséquences de leurs actions les empêchent de réfléchir à de véritables solutions. Ensuite, si jamais le pire arrive, ils ne sont même pas assurés d’arriver jusqu’à leur havre de paix (leur île / bunker). Et enfin, si jamais ils atteignent leur bunker, ils se retrouveront entre ultra-riches à continuer leur jeu du « seul le meilleur gagne« . Et personnellement, je n’aimerais pas me retrouver seul face à Jeff Bezos en cas de famine.
Les riches qui règnent sur une société en voie d’effondrement s’achètent seulement le privilège d’être les derniers à mourir de faim.
Jared Diamond
Leur seule possibilité de survie confortable des ultra-riches est donc l’aliénation d’une partie de la population. Ils doivent transformer des gens en esclaves (volontaires ou non) pour garder leurs prérogatives sans être obligés de se battre entre eux.
Et ils ont déjà commencé en multipliant les moyens de contrôle du vulgum pecus (nous) à travers leurs influences politiques. Ainsi on peut constater dans nos démocraties occidentales une mise en place, lente mais certaine, de moyens de surveillance et de contrôle (automatisé) des populations, évidemment, pour des raisons sécuritaire ou sanitaires (« Vous inquiétez pas, la vidéosurveillance algorithmique, c’est juste pour que les JO se passent bien.« ).
Mais le résultat reste le même : une élite multiplie les moyens pour contrôler le peuple, accroissant son sentiment d’injustice jusqu’à ce que ce celui-ci explose en débordements disproportionnés. Car l’histoire de l’humanité, est parsemée de renversements de gouvernements abusifs et totalitaires.
Il semblerait que les sociétés n’aiment pas les inégalités et cherchent l’équilibre.
Que peut-on faire alors ? (parce que t’es sympa Cyroul, mais tu nous fais flipper)
Il semblerait que la meilleure façon de rassembler un groupe est de lui créer des objectifs partagés, et lui donner les moyens de les atteindre. Charles Sannat nous en parle ici : Survivre à l’Apocalypse : Le Plan Secret des Ultra-Riches et comment vous pouvez faire pareil.
La seule manière de ne pas recourir à la coercition est le partage d’une vision, d’un projet et d’objectifs communs.
Douglas Rushkoff
C’est d’ailleurs l’histoire de l’humanité d’après Yuval Harari (Sapiens, 2011) : un homo sapiens a une idée avant-gardiste, voire science-fictionnelle (par exemple : chasser un gros bison). Il rassemble alors d’autres sapiens autour de lui, et hop, il crée un groupe qui durera si les liens sont basés sur la confiance.
Même les mathématiques le disent. Quand Albert W. Tucker propose le dilemme du prisonnier dans la théorie des jeux (1950), il démontre que se trahir est évident alors même que la coopération gagnerait à tout le monde (d’où le dilemme). Robert Axelrod (1984) va étudier la répétition du dilemme sur plusieurs étapes, où les résultats sont gardés en mémoire par les participants. Ses résultats démontrent que si l’altruisme est finalement récompensé, la stratégie la plus efficace est celle du « Tit for Tat » (oeil pour oeil) qui consiste à coopérer la première fois puis reproduire la stratégie de son adversaire.
En bref, sur du long terme, soit on coopère tous, soit on trahit tous. Et il n’existe pas de société à long terme si la confiance n’existe pas.
La confiance est donc une denrée indispensable pour vivre ensemble. Confiance dans le système monétaire, dans la loi, dans le système politique. C’est d’ailleurs le seul programme politique que devraient proposer les prochains candidats à la présidence française : les moyens de retrouver la confiance et des objectifs communs (qui ne soient pas « retourner dans les années 90s »).
Pas gagné quand on voit à quel point nos politiques servent la soupe aux ultra-riches , espérant grappiller quelques miettes de leur festin à force de léchouilles (Bolloré, Dassault, Pinault, mais aussi Bezos, Zuckerberg, Musk). Mais je m’égare.
Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.
Martin Luther King
Donc à nous d’inventer nos objectifs communs. Ils sont peut-être ultra-riches, mais nous avons pour nous notre intelligence émotionnelle, notre capacité d’être collectif, de partager. Regardons autour de nous, raisonnons local, raisonnons vision commune, projet de société long terme. Préparons nous-même notre transition écologique et notre adaptation au monde d’après (déclin démographique et raréfaction des ressources de la planète).
Dans tous les cas, moi je préfère vivre l’effondrement (ou la transition) avec des gens généreux, intègres et altruiste. Il y aura certainement moins de caviar, mais plus d’humanité.
Cyroul
Les news de ce début d’année en SF
N’cha Toriyama San !
Un petit coup de tristesse pour dire au revoir à Akira Toriyama décédé à 68 ans et créateur d’une œuvre remplie de références SF. Dans Dragon Ball où l’on trouve des extra-terrestres (Son Goku ou même Picollo), des robots (C17, C18 etc.) et des créatures génétiques (Cel), mais aussi dans Dr Slump (1980) qui raconte les aventures de la petite robot Arale avec une inventivité (et un toilet humor) sans limite. Tout cela avec un trait exceptionnel. Il va nous manquer.
Les évènements
Amateurs de SF, préparez vos bagages.
- Les 29-30-31 mars aura lieu la 11e édition du festival Trolls et Légendes à Mons (Belgique). Un festival consacré à la fantasy sous toutes ses formes, et donc forcément à la science-fiction. Jeux de rôles, auteurs, dessinateurs, animations, … et bière. Oh, que je regrette de ne pouvoir y aller…
- La 11e édition du salon fantastique aura lieu au Parc Floral (à Paris) les samedi 30 & dimanche 31 mars. On nous promet du fantastique.
- Les samedi 6 & dimanche 7 avril à Crolles (Isère) se déroulera Grésimaginaire, le salon du livre imaginaire. Moults auteurs et illustrateurs invités.
- Du 10 au 13 avril à Rennes (Ille-et-Vilaine), c’est la 3e édition du Festival Sirennes dont le sujet sera « Tissages & Métissages ».
- On ne présente plus le festival des Intergalactiques qui se déroulera du 18 au 23 avril à Lyon (Rhône) pour sa 12e édition. Cette année, le sujet est du « pain et des jeux ».
Oui, c’est aussi le sujet du dernier NovFut Panem et circenses, dingue ça.
A voir (quand ça sortira)
Ca y est, le Neuromancer (William Gibson, 1984) va être adapté en série par Apple TV.
Pourquoi pas, car Apple TV+ a réussi à faire de très bonnes séries de SF grand spectacle avec beaucoup de moyens (For All Mankind, Monarch, Silo, Foundation –dont je parle ici– ou encore l’extraordinaire Severence). Hélas, dans le cas de Foundation, si la série est jolie, elle est très loin de refléter l’oeuvre originale. Espérons qu’ils feront mieux avec Gibson.
L’évènement étonnant
Les passionnés d’extra-terrestres (qui n’ont pas raté mon NovFut spécial OVNI) vont forcément se retrouver au symposium Exovision qui se tiendra au Zénith de Limoges du 16 au 18 mars. 3 jours de conférences organisées par l’association Alliances célestes pour se préparer à l’arrivée des extraterrestres.
Évidemment, cette conférence doit être réservée à des gens bien dans leurs têtes, capables de prendre toutes ces informations avec le recul qu’elles méritent. Que Saint Mulder soit avec eux.
Voilà, le NovFut de ce mois-ci est terminé. Si vous avez aimé, abonnez-vous et faites tourner la newsletter, c’est gratuit. Et n’oubliez pas de lire de la bonne SF pour penser le futur !