La tentation de la Chine

chinaLa Chine a toujours provoquée en moi des émotions contradictoires.

D’un côté une fascination émerveillée devant son art millénaire, cette sagesse toute particulière des peuples qui possèdent une histoire longue et complexe, ainsi que face à sa technologie adaptable et boulimique. De l’autre, une trouille panique face à ses pratiques dictatoriales niant l’individu (camps d’extermination, assassinat des opposants, etc.) ou les cultures non-chinoises (pour la libération du Tibet chez Marc Bati) et face à cette formidable puissance qu’un nazillon bien bridé mais mal baisé pourrait avoir l’idée d’utiliser un jour.

Face à ces contradictions, donc, j’ai toujours préféré me tenir éloigné de la Chine, me contentant d’aller errer dans le 13e arrondissement quand mes besoins d’exotisme se faisaient sentir. Seulement depuis peu, je travaille sur des projets digitaux avec des chinois, et je me surprends à adorer ça.

Quoi ? Renierai-je mes engagements passés ? Et bien non, au contraire, je les retrouve…

La France n’a jamais compris l’esprit libéral d’Internet

bruceleeEn héritière passionnée du Minitel, la France (ceux qui nous gouvernent) a toujours cru qu’Internet était un média contrôlable comme l’ORTF ou les journaux. Nos gouvernements successifs ont donc été incapables de  comprendre les évolutions des usages et des comportements liés au digital.

Alors, coincés entre la pression des patrons gros lobbyistes et celle des syndicats j-te-menace-d-une-grève, les politiciens font ce qu’ils font le mieux : pondre à la va vite des lois sans queues ni têtes, sans réflexions préalable, et cela, si possible, quand personne ne regarde

Quelques exemples qui prouvent qu’à droite comme à gauche, nos politiciens sont de véritables abrutis numériques :

  • Face au nouveau paradigme de la circulation de l’information libre, Sarkozy vote la loi Hadopi. Loi liberticide et rétrograde, qui permet aux industriels vendeurs de plastique (pardon, de culture) de continuer à gagner de l’argent avec leur activité. 
  • innovationFace aux nouveaux modèles de crowdfunding, Fleur Pelerin veut réformer les gains obtenus sur internet. Oui, la ministre déléguée à « l’Innovation ».
  • Face à un fournisseur d’accès qui veut bloquer la publicité sur sa plateforme, on le convoque à l’Elysée pur lui expliquer que ça ne se fait pas, car ça ne s’est jamais fait. Et surtout, parce que ça risque de porter préjudice aux 3 autres opérateurs historiques qui sont les amis du gouvernement, quel qu’il soit.
  • Face aux la déferlante future des objets connectés,  Aurélie Filippetti décide de prendre les devants et les taxer pour sauver l’exception culturelle française. Nous savons maintenant que nous ne serons donc JAMAIS compétitifs sur ce créneau en France. Avis aux entrepreneurs : si vous vendez de l’objet connecté, allez vite dans des pays où le cinéma est moins bon, mais plus rentable.
  • Face  à une innovation improbable dans les transports de personne, on décide pour ménager les syndicats d’imposer 15 min d’attente aux clients qui font appel à ces jeunes boites du genre Snapcar, Lecab ou Uber. Les syndicats 1, la France 0 (et donc les syndiqués français 0, mauvais calcul les gars).
  • Face à Amazon et ces horribles e-librairires, les députés décident d’interdire la gratuité des frais de port et la réduction de 5%. C’est certain qu’en augmentant le prix du bouquin, on va sauver la lecture.  On les paie pour quoi déjà ces abrutis de députés ?

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L’innovation française dans les mains des politiciens qui n’en veulent pas

Et voilà l’innovation française coincée entre le marteau des grosses entreprises et l’enclume des gros syndicats, qui se rejoignent dans la volonté d’un immobilisme forcené. En France, l’innovation doit venir de grosses sociétés publiques ou privées, sinon elle n’est pas admise ou encouragée.  Or, ce sont des sociétés qui n’innovent pas, car elles ne peuvent structurellement le faire.

Que ce soit à Gauche ou à droite, tous ces ronds de cuir et vieux poussiéreux se chient dessus face à cet internet qu’ils ne comprennent pas et préfèrent verrouiller cet espace d’expression et de libéralisme libre. Non, ils ne veulent pas faire entrer la France dans le 21e siècleLisez le très bon les fossoyeurs de l’innovation pour vous en convaincre.

Et pendant ce temps là en Chine…

Et bien pendant ce temps là en Chine, ils se font du pognon en acceptant n’importe quoi, pourvu que ça fasse du pognon; Dernièrement, Baidu a même accepté le bitcoin (nous en France, on doit déclarer même nos comptes Paypal sous peine d’amende).

Et comme dans les pays occidentaux on a des fois de bonnes idées, en Chine, ils se font du pognon en copiant / collant nos bonnes idées.

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Je ne crois pas que l’OMC (la Chine a signé des accords depuis 2002) ai bougé le plus petit doigt pour taxer, censurer, copyrighter ces différentes plateformes, copies conformes de leurs alter-ego américains. On ne se fâche pas avec la Chine. 

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Alors tes lois Internet de Français, ton Hadopi, ta taxe sur les objets connectés, tu sais où tu peux te les mettre ? Oui, exactement. Car les Chinois ne vont pas s’embarrasser de ce genre de trucs pour faire du commerce. Ca ne sert à rien ça. En dehors de faire épaissir le gras de quelques occidentaux qui ont déjà tout.

Et cette mentalité est purement digitale. N’oublions pas que Wired, le premier magazine du web, est un magazine qui prônait l’esprit entrepreneurial lié à Internet. Du véritable libéralisme (basé sur des valeurs humaines). Internet, c’est la liberté de créer et de se planter. C’est certainement pas un canal média sur lequel l’état va te prendre des sous pour renflouer ses caisses car il ne sait pas gagner de l’argent autrement.

En Chine, on a gardé cette mentalité d’entrepreneur libre. Penser uniquement à créer, ou faire un bon produit, voilà qui me rappelle exactement la fin des années 90.

Mais et le contrôle de la dictature Chinoise ?

Oui, on ne peut le nier, la Chine a été et est encore une dictature. Mais elle l’est moins. Et de moins en moins à cause d’Internet.

Car c’est là où Internet est formidable et où il fait flipper toutes les nations qui veulent garder le secret sur leurs actes passés ou présents.  Car on ne peut pas vraiment censurer ou faire taire Internet. Et les providers, et autres sociétés de service internet chinoises ont beau avoir l’obligation de surveiller ce qui se passe sur leurs réseaux, ils le feront de manière automatisée (sans y mettre beaucoup d’intelligence non plus). 

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Tout est réuni pour que la Chine se transforme en profondeur, et que les 70 ans de réclusion forcée des chinois arrivent à leur fin. Pour le meilleur ou pour le pire. Que le parti officiel le veuille ou pas. Il faut juste être patient, mais ça se prépare…

Bon évidement, ils peuvent aussi interdire l’Internet mais je ne pense pas. La Chine a compris que c’était une formidable passerelle vers le 21e siècle, là où la France n’a rien compris…

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En France, on a pas le nombre mais on a des idées… bridées

Hélas, les politiciens français, par intérêt, incompréhension ou lourdeurs administratives vont brider  ces idées, ces initiatives, ces graines de grosses entreprises de demain.

Alors c’est à nous de vérifier la profondeur de la réflexion des différents politiques sur le sujet digital. Et de faire en sorte que ça devienne un sujet prioritaire.  Il serait d’ailleurs peut-être temps de leur faire passer des tests d’intelligence digitale avant de les balancer dans hémicycle, vous ne croyez pas ?

 

Bon, et avec cet article, il va falloir quand même que je fasse gaffe à mes miches le jour où je pars à Hong Kong.

Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

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3 réflexions sur « La tentation de la Chine »

  1. Je crois que les députés ont seulement voté l’interdiction des FdP dans les remises mais les 5% restent, c’est une Loi qui les définit.
    Si tu supprimes les 5% pour les librairies online, faut aussi les supprimer pour les offline.

  2. « me contentant d’aller errer dans le 14e arrondissement quand mes besoins d’exotisme se faisaient sentir. » Le 13ème plutôt ?
    J’attend le jour où tu feras un coup d’état pour récupérer la gouvernance d’internet !

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