J’ai été consterné de lire cette interview d’une certaine Agathe, planner stratégique dans le Libération de lundi.
Agathe n’est pas forcément la fautive. Certains journalistes n’hésitent pas à couper, abréger pour se concentrer sur ce qu’ils pensent être le principal, gommant ainsi toute subtilité ou perspective dans les propos de l’interviewé. Néanmoins cette interview fait mal au planner stratégique. Un métier pourtant indispensable à la compréhension de vos cibles et de votre marque.
Par hommage à tous les planneurs stratégiques que j’ai pu côtoyer et apprécier, je vais donc déboulonner cette vision faussée d’un métier si extraordinaire.
[Correctif du 31/08/2011 : la fameuse Agathe a déclaré -dans un commentaire ci-dessous (supprimé à posteriori à sa demande) – que le journaliste avait en effet complètement déformé ses propos. Je ne parle donc pas d’elle dans ce coup de gueule, mais de cette femme mystère qui est décrite dans l’article de Libération – qui devrait définitivement mieux choisir ses journalistes.]
« Ce n’est pas très clair, nous même on a du mal à l’expliquer! »
C’est dommage ça. Vous imaginez votre plombier : « Ah bah notre métier là, c’est pas très clair; On a du mal à l’expliquer. Ca a rapport avec des tuyaux. » Vous bosseriez avec un plombier comme ça vous ? Moi non.
Non Agathe, le planning stratégique n’est pas un métier nouveau. Il existe depuis que Stanley Pollitt en 1965 a proposé de créer un poste de recherche d’un niveau égal au directeur de clientèle, pour améliorer l’utilisation de l’information sur la cible et la marque.
Ca ne s’appelait pas encore planning strat. C’est en effet J. Walter Thompson (alias JWT) qui a créé le premier département de « account planning » traduit en français par planning stratégique. Le but de ce département : analyse rigoureuse de la marque et de son positionnement sur le marché.
Depuis, ce métier a évolué, s’est transformé, s’est même spécialisé (on parle d’un planning stratégique étude vs un planning stratégique créatif). Mais il reste le métier qui permet de comprendre la marque et les consommateurs. Le métier qui permet d’avoir un brief créatif et média utilisable. Bref, le rouage incontournable et indispensable d’une bonne agence de publicité.
Tu vois Agathe, en voilà une de définition.
« J’ai d’ailleurs demandé à un stagiaire de travailler sur une définition de ce job »
Dans tous les métiers, les branleurs ont la même devise : « on est jamais mieux servi que par son stagiaire« .
Car forcément, quand on ne sait pas faire son job, on demande au stagiaire de le faire. Et puis, il est là pour apprendre non ? Autant qu’il en profite pour être utile.
Et si il pouvait en profiter pour écrire ma feuille de job et comprendre mon boulot à ma place ça m’arrangerait, j’ai gymnase club à 17h…
« Ce qui me gêne, c’est que j’ai du mal à ma projeter dans le futur »
Non, c’est certain que dans la publicité tu vas avoir du mal. Que ce soit parce qu’elle même se pose des questions sur sa survie en tant qu’industrie, mais aussi parce que la société elle-même va nous obliger à changer de taff, à nous adapter constamment.
Mais il existe tout de même deux endroits où tu pourras te projeter dans le futur. Le premier s’appelle « planqué dans la direction communication chez l’annonceur« . Mais j’ai hélas ouï dire que beaucoup de gros annonceur commençaient à regarder du côté de l’efficacité publicitaire. Ca signifie que cet endroit planqué risque de disparaitre dans les 10 ans à venir. Enfin il ne sera plus aussi planqué qu’avant.
Mais heureusement il te reste toujours « la fonction publique« . Un endroit formidable où tu peux étaler un prêt bancaire sur 40 ans. Et tu peux dés maintenant calculer l’âge de ton départ à la retraire. Génial non ? Agathe, je pense que cet endroit est fait pour toi.
« Je connais peu de « chef » dans ma profession »
C’est vrai. Il existe une profusion de wannabe planners stratégiques. Du genre à se prendre pour des pros en faisant un joli schéma sur power point avec plein de belles photos. Et après, il suffit de bien parler pour que le client soit ok, car de toutes façon l’important c’est la créa, le reste on s’en fout. Et ceux là on les entends parler. Ils ne commencent toujours leurs conversation par « bonjour je suis planner stratégique chez…« .
Mais heureusement il existe aussi des excellents planners, capables de parler socio sans réviser dans une salle remplie de clients sans avoir pré-écrit leur discours. Des professionnels bourrés de culture, de méthodes poussées pour analyse une marque, pour comprendre une cible. Ceux-là ne sont pas rares, mais discrets. Il faut travailler dans plusieurs boites, bouger, et accumuler beaucoup d’expériences pour voir ces « chefs » qu’on ne trouvera, hélas, que très peu sur Internet.
Mais en fait Agathe, as-tu beaucoup d’expérience ?
« je me demande si ce ne serait pas plus facile de partir à l’étranger »
N’hésites pas ! Et puis l’herbe est tellement plus verte ailleurs.
Et puis tu sais, ta boite se consolera avec ton stagiaire qui connait maintenant très bien ton métier.
En conclusion
Je m’excuse d’avance auprès de cette Agathe qui n’a pas du penser le quart de ce qui a été écrit dans ce papier de Libé (je l’espère pour elle), mais elle comprendra l’énervement à la lecture d’un tel papelard. On peut d’ailleurs tirer deux conclusions d’un tel article :
- Libé devrait arrêter d’interviewer des jeunes qui n’y connaissent rien à leur taff (même si c’était le titre de l’article : « Mon job, cet inconnu »). Ca fait de la peine aux jeunes qui s’y connaissent mais n’ont pas eu la chance d’être embauchés (n’allez pas me dire que cette demoiselle l’a été sur ses compétences, elle ne connait pas son taff).
- Les agences de pub devraient arrêter d’embaucher des jeunes filles à peine sorties de leurs études pour leur donner des postes à responsabilité. Ca ne va pas améliorer le niveau des futurs planners et ça risque de cramer la boite à long terme.
Le planning stratégique est en effet la pierre angulaire d’une agence qui réfléchit. C’est un métier complexe, difficile, qui nécessite beaucoup de culture, de références, et des capacités d’analyse assez poussées. Un métier pour des gens qui aiment la recherche, les études. Pour des gens qui aiment prendre leur temps pour construire ou décortiquer un objet de pensée. Confier à une jeune fille (je n’imagine pas Agathe autrement que très jeune) la responsabilité d’être cette pierre angulaire, c’est condamner l’agence toute entière à porter le poids de son inexpérience.
A moins que pour cette agence, le planning strat ne soit considéré comme « excuse » pour faire passer des campagnes qui ne le méritent pas. C’est hélas le raisonnement que se tiennent beaucoup d’agences de pub qui préfèrent embaucher du jeune planner pas cher et très junior (mais qui sait aller sur youtube) plutôt qu’un senior trop cher (même si il sait aller dans une bibliothèque). Le résultat de cette sélection : des juniors inexpérimentés qui vont parler à la place des seniors. Et des agences/annonceurs qui vont croire que le travail du planner stratégiques est d’aller regarder les dernières apps de marque sur Facebook, ou de récupérer des statistiques d’internautes sur Mashable.
Mais où est donc passé l’APG France (French Account Planning Association) ? Elle était encore là en 2009 et puis elle a cessé toute activité quand Jeremy Dumont a décidé unilatéralement de parler pour tous les planners français. Car pendant que les professionnels de la profession ne disent rien, d’autres vont parler à leur place. Et sur le digital ça ne pardonne pas, c’est celui qui parle le plus fort qui gagne. Résultat: il n’y plus aucune représentation française de ce corps de métier, en dehors de celles auto-déclarées et qui ne sont pas forcément les plus légitimes.
Et c’est ainsi que l’on retrouve des interviews de très jeunes planners comme Agathe, abandonnés, seuls dans un monde qu’ils ne comprennent pas.
Alors, planners, décidez vous à remonter le niveau, parce que personne ne le fera pour vous.
(Merci aux Archivistes à l’origine du screenshot)
Tiens, je ne savais pas qu’un planneur str. devait aller à la bibliothèque :))!! ravie de lire ce décryptage d’un métier sur lequel je me documente, car à la recherche d’un emploi après un parcours dans les sciences socio-humaines et un très « fresh » master en sémiologie et communication.
Pourrais- je être planneur stratégique ?
Merci !
R
La réponse à cette question est conditionnelle et dépendra :
– de la culture acquise
– des mises à jour de cette culture
– de la capacité à analyser cette culture
– de sa capacité de survie dans une agence de pub
Bon courage en tout cas;
http://alorsicicestleplanning.tumblr.com/ ;-)
Bonjour,
Jeune publicitaire j’avais lu cet article et imputé l’absurdité des propos au journaliste. Peut-être par ce que je suis une jeune qui ne connait rien à son taff, une jeune fille à peine sortie de mes études à qui on n’aurait pas du confier un poste à responsabilité… Du coup contrairement à d’autres, j’ai encore la capacité d’interroger un texte, de prendre du recul sur une interview, et mettre en doute l’honnêteté des journalistes. Apparemment, ce n’est pas votre cas, et je trouve cet article hypocrite et insultant avec vos pathétiques excuses précédents un lynchage qui continue dans vos commentaires.
Bonjour jeune publicitaire et merci de votre commentaire.
J’adorerais que vous m’expliquiez comment vous faites pour repérer la véracité d’une interview. Personnellement je n’y arrive pas. Expliquez-moi, je suis tout ouïe.
Et devrais-je supprimer le correctif à posteriori (la fameuse « pathétique excuse »), correctif posté longtemps après les commentaires et l’article qui essaie de désengager la responsabilité de la jeune interviewée ?
Après réflexion, je dois avouer que je trouve cet article dur.
Dur mais juste quand on lit le papier de libé. Mais dur quand même…
Mon côté pacifiste s’en offusque. Et j’accueillerai volontiers un rectificatif de sa part. Tiens, je vais demander à Agathe, on verra bien.
Je pense qu’il faut d’abord brimer la journaliste de Libé qui reformule, résume les propos de cette petite Agathe. Tu l’écris en début d’article mais malheureusement « t’acharnes » (et ce n’est pas péjoratif) rapidement sur cette pauvre Agathe.
Mon point de vue : j’ai l’impression que nous faisons fasse à 2 problèmes actuellement :
– les annonceurs, pour des raisons financières ou pour des raisons de compétences, internalisent de plus en plus leur communication. Je ne parle pas pour les planneur stratégique mais pour le métier au global. Aujourd’hui, s’ils ont Photoshop et une idée, ils pensent pouvoir tout faire eux mêmes.
>> Question d’argent ? Surement. Question de compétences des agences ? Fortement possible.
– ce deuxième point repose justement de la compétence des agences et des gens qui les composent. D’où viennent ces jeunes planners ? Ou ont ils appris leurs métiers ? Nul part d’après moi. Ce métier aujourd’hui ne peut s’apprendre à l’école. Malheuresement, les écoles nous vendent des soit disant programmes pour devenir planner strat. Et avec l’ère du « 99francs », combien de jeunes (trop à mon avis) se prennent pour des planner parce qu’ils portent des Sneakers, ont 400 twittos et écoutent la dernière musique tendance.
Les écoles leur vendent du rêve contre 10k€ à l’année. Quand les sous sont encaissés, il en reste plus qu’à délivrer un papier appelé « diplôme ».
Du coup, dans cet immense élevage en batterie, les agences viennent piocher leurs œufs pour les mettre trop rapidement en tête de gondole.
Bref. J’ai plus l’impression qu’Agathe se réveille de ce doux rêve et essaye de comprendre maintenant où elle est.
Je vous rejoins sur le fond, c’est clair que cet article de Libé devrait être censuré… Il remet en cause un métier essentiel dans la publicité en stigmatisant ceux qui l’exercent.. Mais halte aux généralités svp ! La jeune génération a le droit comme les compétences d’occuper des postes à responsabilités, si elle s’en donne les moyens. Et les expériences ne valent-elles pas que si elles sont partagées ? le planning stratégique ne devrait pas être « uni générationnel », bien au contraire; la synergie de nos points de vue devrait pouvoir faire des étincelles. Bref, votre révolte face à l’article est compréhensible mais vos mots sont durs et je trouve dommage de profiter d’un mauvais témoignage pour faire le procès d’une génération toute entière.
Bonjour Cyroul ! À la première lecture de ton article, j’ai ressenti un peu la même chose que Les Archivistes : « tout ce qui est jeune est con (et inversement) ». Je t’avoue que ta réponse (« je ne généralise pas du tout sur les jeunes. ») me rassure beaucoup étant moi-même « jeune » et aspirant à devenir un jour planneur stratégique. De nos jours, il n’est pas facile de se lancer dans ce métier plein de complexité. Quand nous sommes jeunes et que nous souhaitons travailler dans la pub, nous sommes souvent catégorisés comme la génération « 99 Francs », attirés par une branche de métier « cool et tendance » pour reprendre les termes utilisés autour de moi. Ceci n’est pas forcément très encourageant et comme tu peux t’en douter ce n’est pas de ça que nous allons tirer notre motivation. Comme tu dis très bien dans ton article, il existe énormément de « wannabe planners stratégiques » et je t’avoue en faire partir. Je comprend le fond de ta pensée sur le sujet, cependant, certains d’entre nous n’ont pas la prétention de connaître le métier « du genre à se prendre pour des pros ». En effet, je commence juste à apprendre ce métier depuis maintenant 1 an auprès d’un planneur stratégique d’expérience et je n’ose me considérer encore comme « planneur stratégique junior ». Pour résumer le fond de ma pensée, je lis beaucoup d’articles sur plusieurs blogs qui peuvent démotiver les jeunes qui apprennent le métier from scratch et qui n’arrivent pas dans une agence par telle ou telle connaissance, cela me chagrine de plus en plus. Ta définition d’un excellent planneur : « Des professionnels bourrés de culture, de méthodes poussées pour analyse une marque, pour comprendre une cible. » me plaît beaucoup et j’espère à terme faire partie de ceux-là. Je vais donc garder en ligne de mire les idées évoquées dans ton article quant à la véritable fonction d’un planneur stratégique.Pour revenir au sujet de ton article, j’avoue ne pas avoir assez de recul sur le métier pour savoir si Agathe a tort ou raison cependant ton point de vue me semble tout à fait juste, et tes arguments m’ont convaincu.Comme tu peux t’en douter, je n’ai pas vraiment l’habitude de commenter aussi longuement des articles de blogs. Je ne suis pas encore vraiment a l’aise, j’espère ne pas avoir été trop hors sujet avec mon commentaire (il me semble que si). Quoi qu’il en soit, encore une fois, j’ai bien aimé l’analyse de l’article. J’espère que les prochains seront plein d’espoirs et plus indulgents à notre égard, nous les autres « wannabe planners stratégiques ».
Je vais essayer de ne pas faire long bien que je n’y arrive jamais…
Perso, je perçois une sorte de « mise en placard » depuis quelques années du métier de planneur strat’. Je ne sais pas si ma perception est juste ou pas, mais en tout cas c’est mon sentiment.
Parce que tout semble évident (mais ne l’a pourtant jamais aussi peu été) à cause des infos qu’on nous bombarde à longueur de journée, le conseil met de plus en plus de côté la recherche et le décorticage d’informations qualifiantes pour venir légitimer ses recommandations. On s’arrête aux faits de surface, aux infos qui rassurent etc… Au moins comme ça on maîtrise tout et on a des stratégies déjà toutes faites…Et parce qu’aussi comme tu le dis si justement Cyril, il y a la « sainte créa », cette créa qui quand on pense qu’elle tue tout devient à tort le centre de l’attention; dès lors on ne cherche même plus à savoir si on a bon ou pas, non l’important c’est de faire mousser la création de l’agence pour amasser du new biz et si possible se la raconter à Cannes (je caricature c’est vrai, mais bon l’egotrip corporate j’ai jamais aimé). Donc du coup, à ce moment là on se dit pas besoin de passer par la case planning strat’ et bim on pond la reco selon la créa, et seulement selon elle. Mouais… Si tu dis ça de manière transparente au client je ne suis pas sûr qu’il te suive très longtemps !
En tout cas je suis sûr d’une chose, (attention je vais raconter ma vie…) quand j’ai la chance (car j’adore ça) de me jeter corps et âme dans le rôle du planneur strat’ pour une marque cliente et que l’on m’accorde du temps pour le faire (je veux dire du « vrai temps », traduction : exit la timesheet…), il en sort toujours des choses inattendues, de nouvelles évidences, et naturellement des idées stratégiques plus profondes, plus porteuses de vérité, et finalement plus pérennes aussi. Tiens d’ailleurs, c’est pas ça aussi le rôle du planning strat’, de faire en sorte que les stratégies proposées par l’agence puissent servir la marque plus de 15 jours ?
Bref quand je lis ce genre de conneries (cf l’article dans Libé), ça me gave parce que ça renforce non seulement mon sentiment de voir de plus en plus de branleurs dans les écoles de pubs (je peux témoigner, j’en ai fait parti. Sauf qu’à un moment je me suis dit « tiens je vais sortir du cadre ») mais aussi la tristesse que j’ai d’assister à l’autodestruction programmée de la crédibilité de certaines agences, qui choisissent volontairement de confier le travail de planning strat’ à n’importe qui, stagiaires ou non d’ailleurs (les RH ça sert à quoi ?). Je parle de ces profils trop répandues de pubeux dénués de tout sens de la curiosité, de sensibilité et incapable de s’impliquer émotionnellement/sincèrement dans la recherche et l’interprétation d’informations brutes. La pub est peut être un métier d’image mais ça n’en fait pas un métier de surface pour autant, bordel ! ^^
… merde j’ai fait long.
PS : N’hésitez pas à me reprendre si je dis des conneries hein ;)
PS2 : Cyril ton article m’a fait du bien
Pour continuer :
A lire : Pollitt on Planning. Pollitt fut un des associés de BMP (Boase Massimo Pollitt, qui fut racheté par DBB, pour devenir BMP DDB, puis DDB London)Et pour JWT : citons aussi stephen king. : http://www.amazon.co.uk/s/ref=nb_sb_noss?url=search-alias%3Daps&field-keywords=pollitt+on+planning&x=0&y=0
Et après, allez un peu sur apg.org.uk, il ya de bons articles sur what’s planning, what’s a planner, tout ca.
Et bien sur jon steel.
ET si vous n’avez pas le temps, demandez a un stagiaire.
J’aime beaucoup ton article. Hier, j’ai hésité entre rire jaune et me taper la tête contre les murs lorsque j’ai lu le papier de Libé.
C’était une chose de faire un papier sur les jobs difficiles que les gens ne comprennent pas, c’en était une autre d’interviewer quelqu’un qui lui-même ne semble pas comprendre son job !
A noter que, sur les 4 interviewés, Agathe semble être la seule à être aussi perdue (http://www.liberation.fr/vous/01012356669-mon-job-cet-inconnu)…
Cela étant, je m’interroge aussi sur ce qu’a bien voulu retenir la journaliste de Libé. Agathe a dû être interrogée au moins une dizaine de minutes. A sa décharge, les verbatims ont donc été extraits du contexte. Va savoir si elle n’a pas dit des choses également pertinentes.
Mais tu me diras que c’est toujours comme ça pour les ITW.
Enfin, je rejoins le commentaire précédent des archivistes : des « jeunes filles » (et c’est vrai que le terme n’est pas louable, ça fait très proustien, « jeunes filles en fleur » tout ça) qui sont compétentes et qui intègrent dès la fin de leurs études un poste de planning, j’en connais et tu en connais aussi.
Bon, c’est sûr qu’elles ne courent pas les rues…
Je trouve sympa de me dire « proustien » quand tu parles de mon style littéraire, mais je ne pense pas être aussi bon.
Ceci dit, en aucun cas je ne généralise la « jeune fille qui sort de ses études ». J’en connais effectivement de très douées (elle se reconnaîtront aussi).
Je suis d’accord dans l’ensemble : le planneur strat a son rôle bien à lui dans l’agence mais il n’a pas la même visibilité qu’un DA ou un chef de projet dont les intitulés sont sans doute plus explicites sur leurs activités, et donc plus parlants pour tout un chacun. Ceci explique cela selon moi…
Cet article de Libé et ses extraits de témoignages (sans doute un peu trop tronqués comme tu le soulignes) risquent une nouvelle fois d’entacher l’image de la com et de ses clichés déjà nombreux… Il faut juste espérer que les lecteurs aillent chercher plus loin !
Je regrette juste tes généralisations sur l’annonceur : tout le monde n’y est pas planqué, et si on aime son métier, on trouve largement de quoi s’occuper. Le rythme y est différent par rapport aux agences mais ce sont simplement des choix et des envies d’initiative ou non ! Pareil pour la fonction publique : l’âge à la retraite n’est pas plus certain pr les fonctionnaires : eux aussi vont devoir travailler plus (mais pas pour gagner plus !) ! Et ma petite expérience m’a montrée qu’en agence aussi, on trouve des planqués malheureusement.Enfin, en tant que « jeune fille à peine sortie de mes études », sache que je n’attends qu’une chose, avoir des responsabilités (en agence !) et les assumer, contrairement à ce que tu mentionnes. J’espère juste ne pas être mise dans le même panier que les personnes qui choisissent leur métier par défaut, pour passer le temps, parce qu’il faut bien !
Quoi qu’il en soit, merci pour ton analyse sur tout ça !
Hehe, tu as raison, je suis méchant avec la fonction publique.
Pas ma faute, en tant que chef d’entreprise je suis confronté à des fonctionnaires incompétents toute la journée (coucou le RSI tu te reconnais ?) Et je crois en avoir gardé une certaine acidité.
Et je ne généralise pas du tout sur les jeunes. J’en connais plein qui se bougent. C’est pour cela que ça me désole d’en voir des planqués qui s’expriment pour les autres. Donc bravo pour ton envie de bouger la pub. C’est grâce aux jeunes qui en veulent que la pub va pouvoir évoluer.
Juste une précision sur nos amis du RSI : ils ne relèvent pas de la fonction publique à proprement parler, mais ils sont « organisme français de protection sociale, administré par des représentants de ses assurés, artisans, commerçants et professions libérales. » (wikipédia). Bref, autrement dit, ils assurent une mission de service public (ce qui ne les empêchent pas d’être relous)
Argh ! Ca m’agace encore plus.
Tu es en train de dire qu’ils ont réussi à piquer le travail à des fonctionnaires sans en avoir la responsabilité.
Aucune excuse ! Chefs d’entreprise, faites la guerre au RSI.
Cet article a été intelligemment écrit, et possède une argumentation tout a fait honorable (a l’exception du cliche sur le jeune qui va sur YouTube et le vieux, érudit de son état, qui va a la bibliothèque)
Mais au fond, pourquoi écrire cet article ?
Qu’une Agathe « planeuse mystère » ne sache pas ce que c’est son métier, who cares ?
Que les « nobles et intelligents » planeurs soient des victimes du parasitage de Dumont&co, franchement a quel moment ça vous empêche de bien faite votre boulot ?
Sérieusement arrêtons de croire que notre métier est la panacée, que nous sommes chacun des chevaliers prets a partir en croisade contre les imposteurs.
Ou tout simplement acceptons qu’il y ait aussi des cons chez nous comme partout, et arrêtons de perdre du temps a leur donner autant d’importance.
Don’t feed the troll
Cordialement
Olivier (qui est sûrement le con de quelqu’un)
Quel troll ?
La jeune fille parle mal d’un métier qui est censé être le sien et qu’elle ne comprend pas. Cela n’aurait que très peu d’importance si c’était un métier connu et reconnu.
Mais ce n’est pas le cas. Et quand l’un des seuls témoignages que l’on peut avoir est biaisé, je pense qu’il peut être utile de le contredire.
Ne serait-ce que pour éviter que des idées fausses se propagent.
OK OK, avec tout, l’article et ses commentaires.
Après, revenons à l’objectif initial de l’article de Libé : aller à la découverte de « ces métiers dont personne ne comprend l’intitulé ».
Autour de vous, vos conjoints, enfants, parents, ils comprennent quand vous dites « Planner Strat' » ? Moi y’a longtemps que je suis passé à « Publicitaire », quitte à être simpliste et à passer pour un créatif.
Et puis aussi : l’article fait-il autant de remous chez les actuaires ?
Oui c’est toujours compliqué d’expliquer le rôle d’un planner startégique à quelqu’un qui ne connait pas l’univers de la publicité.
Le problème là, c’est que c’est elle-même qui ne comprend pas. Ca me désole.
En même temps, les blogs et Twitter sont les territoires des communicants, pas des actuaires. Les planneurs sont d’autant plus enclins à manifester leur désaccord qu’ils possèdent les codes et la velléité nécessaires à se faire entendre sur le web ou dans la presse (IMHO).
Archi-d’accord.
Le pire ce n’est pas d’avoir des « Agathe » qui ne savent pas ce qu’elles font.
Le pire c’est aussi et surtout de trouver des agences qui embauchent des personnes qui ne savent pas ce qu’elles font.
Oui je suis d’accord.
Mais je croyais l’avoir écrit ça (j’ai du l’effacer).
Article bien synthétique quoiqu’un peu dur.
J’aimerais néanmoins nuancer ta conclusion n°2 : j’espère que tu n’es pas en train de dire qu’il ne faut pas donner de postes à responsabilités à des jeunes ? Je vois ce que tu veux dire, mais écrit de telle manière, ça fait un peu « tout ce qui est jeune est con (et inversement) ». Et le terme de « jeune fille » va t’attirer les foudres féministes. Ne sous-estimons pas le potentiels des jeunes (filles), s’ils ont été bien formés et sont bien encadrés, dans une boîte au planning rôdé et compétent qui ne considère pas ses jeunes recrues/stagiaires comme de la chair à benchmark. Ce qui est souvent difficile à trouver.
La bise,
C’est le contraire de ce que je peux penser.
Les jeunes (qui se bougent les fesses) sont l’avenir de la pub.
Par contre les jeunes déjà planqués sont le cri du cygne de la pub.
Sinon, je suis très curieux de savoir ce qu’est devenue cette association des planneurs de France élevés en plein air, que tu mentionnes.
Ce qui n’empeche pas d’avoir des echanges interessants sur la definition et sa vision du planning. (cf. les differentes interventions lors d’un CM au CELSA.)
Oui, c’est un sujet qui est rarement bouclé.
Je ne jetterais pas la pierre à Agathe : quand je lis ce morceau d’interview, je lis plutôt le témoignage de quelqu’un de perdu dans une entreprise qui ne l’a pas aidée à trouver sa place. Je connais pas mal de gens pas idiots, qui pourraient être compétents, mais qui se retrouvent à un poste mal défini, dans lequel ils ne se retrouvent pas, et qu’ils ne comprennent pas bien.
Est-ce la faute à l’entreprise si elle embauche des gens qui ne connaissent de leur travail que l’intitulé ?
Oui. C’est clairement la faute de l’entreprise, et pas d’Agathe, qui, convenablement encadrée ferait certainement une très bonne planneuse.
Merci d’avoir soulevé ce point Juliette.