Petit B.A.BA du DIY

Depuis moins d’une dizaine d’année, on voit émerger un nouvel état d’esprit dans notre société. Pour l’instant plus perceptible chez les geeks (non pas les geeks qui comparent leurs applications Iphone à 5€, non les autres, ceux qui bidouillent leur Android en hackant le firmware) , cette tendance commence à s’étendre au grand public. Le nom de cette tendance : le DIY ou Do-It-Yourself.

Le Dis Aïe Why ?

Philosophie, phénomène historique issu d’un rejet anti-consumériste, pratique musicale ou culturelle, engagement politique, Wikipédia ne sait pas (encore) trancher dans ce fouillis de pratiques et d’idées différentes du phénomène Do It Yourself (faites le vous même).

Il s’agit pourtant d’une pratique qui a toujours existé. De Léonard De Vinci à Georges Méliès en passant par William Blake, le DIY est la muse des génies en tout genre qui veulent fabriquer par eux-mêmes en repoussant les limites du possible (et de l’acceptable).

Alors certains pourraient dire qu’il s’agit uniquement de bricolage, mais on est pourtant bien loin de M6 Déco. Le DIY ne va concerner que les passionnés, les nerds, les inventeurs, les hackers qui osent se salir les mains.

Pourquoi cette envie de se salir les mains ?

Même si ils ne sont pas passionnés pareils, cette envie de construire soi-même est la même chez le spectateur de Question Maison (et autres émissions de TV à la mode en ce moment) et chez le créateur DIY. Mais d’où vient ce besoin ?

  • Un dégout de plus en plus évident pour la société de consommation des années 80-90 provoqué par :
    • Des produits manufacturés de qualité de plus en plus aléatoire. Le « made in ailleurs » permettant de se dédouaner de toute responsabilité post-fabrication. Imaginez si votre portable était fabriqué par votre voisin de palier. Le jour où celui-ci crame, vous iriez immédiatement lui rapporter en demandant pourquoi ça ne marche plus. Dans la vraie vie, vous l’envoyez par la poste « ailleurs » et vous priez pour qu’il revienne un jour.
    • Des services facturés pour des prestations souvent inexistantes. Vous ne trouvez pas scandaleux qu’on vous fasse payer vos factures électroniques ? Ou encore des services téléphoniques que vous n’utilisez pas (vous savez, les services gratuits à l’abonnement qui deviennent payants au bout de 2 mois) ?
  • Un besoin de se responsabiliser, voir de s’engager dans les problématiques environnementales et de développement durable. Non, nous ne sommes plus à l’époque des chèvres du larzac, mais quand on me dit qu’Apple est la boite high tech qui est la plus sale au niveau environnement, ça ne me donne pas envie d’acheter un Ipad. Alors pourquoi ne pas le construire soi-même, juste pour voir si c’est possible ?
  • Une curiosité croissante pour ce qui nous entoure. Ca y est, nous y sommes peut-être arrivé : l’occident va commencer à essayer de comprendre son environnement. Après les années 45-75, les 30 glorieuses qui ont glorifié la société de consommation, et les années 80-2010 (les « 30 malheureuses » ?) qui ont montré le danger de cette société, nous sommes peut-être arrivé à un moment où notre civilisation a des besoins d’accomplissement plutôt que de protection, d’appartenance ou de prestige (théorie issue de Maslow donc discutable, mais j’aime bien).

Tout ces facteurs associés font fortement douter le consommateur du pouvoir de l’achat facile pour préférer le pouvoir de la connaissance. Car la connaissance nous permet d’être libres. Quand on connait les limitations et les dangers d’Internet, Internet ne fait plus peur. Quand on sait produire et distribuer un disque tout seul, on ne passe plus par son producteur/distributeur. Quand on sait réparer son réfrigérateur, on ne l’achète plus chez Darty. Quand on sait comment sont faites les lois, on n’a plus besoin d’avocats.

Les makers DIY se structurent, et s’organisent

Alors depuis toujours, des individus normaux (pas particulièrement riches ou « brillants »),  se mettent à démonter, construire, inventer des objets, des choses. Et ces individus se réunissent en communautés, et leur savoir-faire se développe. Ce ne sont plus 3 gus dans un garage, mais des clans entiers qui se créent autour de projets incroyables.

Un très bel exemple avec cette conférence Ted donnée par Marcin Jakubowski (Open-sourced blueprints for civilization), qui nous raconte comment l’homme peut retrouver sa liberté en s’appropriant les techniques et le savoir faire de sa civilisation. Un rêve qui n’en est plus un avec Open Source Ecology. Ecoutez :

 

Alors vous vous posez peut-être la question de la présence de cet article sur ce blog plutôt consacré à Internet, aux mondes virtuels et aux stratégies digitales de marques. La raison en est simple: le DIY est une tendance de fond qui partage la même philosophie que celle de l’Internet libre. C’est à dire une envie, un besoin de détourner, de s’approprier les outils, les techniques, les moyens disponibles pour les transformer en quelque chose qui nous plait. Sites persos d’information, programmes libres, et même le phénomène des blogs sont des exemples de DIY Internet.

Le DIY n’est pas une révolution brusque, mais plutôt un état d’esprit qui commence à se propager. Et c’est plutôt une bonne chose ne trouvez vous pas ?

Author: Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

4 thoughts on “Petit B.A.BA du DIY

  1. Ton article me déçoit, après avoir lu ta définition du DIY, je ne lirais même pas la suite…
    La définition de Wikipédia est on ne peut plus vrai, ça ne concerne pas que les geeks du tout, renseigne toi avant d’affirmer ça au grand public, la culture DIY, c’est aussi par exemple, le mode de vie des punks, qui rejettent le système de commercialisation et c’est donc pour cela que WP dit que ça peut être un engagement politique…

    1. Tu devrais lire la suite, et notamment la conclusion. L’article te décevra certainement moins.

      Et oui pour l’engagement, mais réel et pas politique.

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