Personne ne pourra contester que l’explosion du web a permis des choses magnifiques. La Wikipédia (des articles traduits dans plus de 280 langue, plus de 30 millions d’articles, la plus belle concentration de savoir de l’humanité, la plus grande œuvre collective depuis l’époque où un grand singe s’est mis à marcher sur 2 pattes), le Printemps Arabe, l’émancipation des minorités (#balancetonporc n’aurait jamais pu se propager à l’époque de la TV toute puissante), etc.
Internet est une porte ouverte sur le monde, sa complexité, sa culture. Internet, c’est la possibilité pour n’importe qui de devenir créateur, curateur, partageur. Internet, c’est un espace de liberté qui n’attend que de la bonne volonté pour devenir un espace de jeux, d’arts, de cultures, de plaisirs et de joies.
Mais Internet a de grands ennemis.
Le premier ennemi d’Internet, ce sont les adversaire du libre échange de cultures et de communications, ceux qui veulent contrôler ce que font les soumis, les inférieurs, les citoyens. A travers Hadopi ou Loppsi, notre Internet s’est déjà fait amputer d’une partie de son autonomie.
Le deuxième ennemi d’Internet, c’est le copyright.
La notion de copyright est intéressante car elle est extrêmement schizophrène. D’un côté on parle de « défense » des droits des artistes, de « sauvegarde » de la culture, de « protection » des oeuvres. De l’autre, on paie des lobbyistes pour faire votre des lois liberticides pour des Ayant-Droits qui bien souvent n’ont jamais créé une seule œuvre artistique ou culturelle de leur vie (en France, essentiellement la SACEM qui ne respecte pas le domaine public). Évidemment, vous l’aurez compris, il s’agit d’une histoire d’argent et pas de culture.
Car l’art et la culture n’ont pas besoin du copyright pour exister et se propager. Ceux qui vous disent le contraire essaient de vous prendre de l’argent (tout en vous prenant pour des cons). Et pire, plus vous cloisonnez, plus vous enfermez l’art et la culture, plus vous réduisez son rayonnement, plus vous la concentrez dans certaines niches privilégiées. Dans une société saine, l’art et la culture devraient être gratuits (et je suis pas certain que le dernier Transformers ou le film français primé à Cannes soient de la culture).
Donc ces défenseurs du copyright vont tout faire pour flinguer Internet. Leur dernière arme est l’article 13 (qui sera voté dans 2 jours) et qui prévoit de forcer les fournisseurs d’accès Internet à incorporer un logiciel de vérification de copyright dans leurs accès pour vérifier les contenus lus et partagés par leurs abonnés. Vous imaginez les conséquences ?
- disparition des mèmes Internet
- disparition des parodies
- disparition de liens hypertextes (autant dire du web)
- disparition de remix
- disparition des plateformes de partage de code informatique
- disparition de plateformes de blogs
- disparition de plateformes de discussion
- disparition des plateformes de livestream de jeux vidéo.
- etc.
Une vraie attaque sur les fondements de l’internet et du web libre et collaboratif. Bref, une loi qui va tuer Internet. Pour en savoir plus sur l’article 13 , allez lire :
- Adieu mèmes et parodies ? Pourquoi « l’article 13 » menace Internet (chez Uzbec & Rica)
- Filtrage : déluge de critiques sur l’article 13 du projet de directive sur le droit d’auteur (chez NextImpact)
- le site dédié Save Your Internet
- Le podcast de l’association April (défense du logiciel libre)
- Le thread de Reddit
- Une vidéo sur le sujet pour ceux qui n’aiment pas lire.
- Un article de Know Your Meme (directement impacté par l’article 13)
Une solution, fuir l’internet 1 ?
Alors, certains se disent qu’il est temps d’abandonner la planète Internet telle qu’on la connaît pour d’autres horizons moins censurés. Ci dessous, un petit texte de Baptiste sur le sujet de l’infobésité. Sa conclusion : le web est jetable, il faudrait peut-être passer à une nouvelle version. Une sorte d’Internet 2.
Alors, oui, l’Internet 2 est faisable, et des solutions continuent à se mettre en place (deepweb, darkweb, piratebox, etc. ? – j’ai un article en draft sur ce sujet depuis 4 ans, il faut que je le sorte). Mais soyons clair, personne ne les utilisera en dehors de quelques milliers de nerds qui savent installer un linux sur leurs bécanes. Le reste de la population n’y aura pas accès – trop complexe techniquement. Plus facile de manger de la télé.
Et puis, je n’aime pas l’idée de baisser les bras devant les pourris et autres apôtres du copyright qui veulent transformer ce magnifique medium qu’est l’Internet en télévision ou minitel télévisé. Certes, pour l’instant les batailles pour la liberté sur le net ont été plutôt perdues (droit à l’oubli, Hadopi, Loppsi, etc.) mais doit-on déjà l’abandonner ? Non, je ne crois pas.
L’autre solution, se battre tant qu’il y a du partage !
Personnellement, je préfère me battre (avec mes armes : mon blog et ma pseudo-influence) tant que ce vieil internet a encore du souffle. Et si vous avez bien pris la mesure de ce qui va nous arriver dessus dans 2 jours, alors vous avez compris qu’il ne reste plus qu’une chose à faire : signer la pétition sur Save Your Internet !