[Mythologie du geek] Le mythe Star Trek

startrekoriginalcastVoilà une nouvelle série d’articles sur le thème des geeks. L’idée étant d’analyser une tendance geek à travers ses évolutions et différentes matérialisations dans le temps.

Alors comment mieux commencer qu’avec LE sujet geek par excellence : Star TrekEngage !

Space: the final frontier. These are the voyages of the starship Enterprise. Its five-year mission: to explore strange new worlds, to seek out new life and new civilizations; to boldly go where no man has gone before.

Au début, le geek était underground…

Nous étions en 1987, et le « geek« , tel que nous le connaissons aujourd’hui, n’existait pas. On trouvait à l’époque des « passionnés » légèrement autiste qui se consacraient à fond à leurs passions : maquettisme, jeux de rôle, littérature, cinéma fantastique, fanzinat, GN, etc.

geek role playing gameLa grande différence avec les geeks d’aujourd’hui était que tout cela se faisait sans l’autorisation des parents, et de la plupart des adultes bien pensants qui considéraient ces activités comme néfaste à la santé de nos petites têtes brunes. Certains se rapellent d’ailleurs de l’édifiant reportage de M6 sur les jeux de rôle qui prévenait les parents que tous les joueurs de jeux de rôles étaient des adeptes de magie noire et de sacrifices rituels à tendance suicidaire. Ne rigolez pas, ça date de seulement 18 ans, c’est pas si loin (ce reportage a d’ailleurs du être produit par ceux qui ont signé le navrant Envoyé Spécial sur Facebook où tous les utilisateurs sont des drogués obsédés).

… et l’amateur de Star Trek très underground

trekkie1Et oui, il y a 20 ans, les passionnés français de Star Trek étaient obligés de se cacher dans les conventions de weirdos de l’époque (films de genre, jeux de rôles, fanzines, DA jap et autres trucs bizarres) car la mode était à Star Wars.

Et si connaître l’intégralité des spécifications techniques du YT 1300 vous valait l’admiration de tous, réciter la directive première ne vous valait qu’une grande incompréhension (voir même une certaine animosité) de la part de vos camarades déviants.

spock_kirk_Car Star Trek était un truc de gays ! On y trouvait  des mecs en pyjamas toujours très propre, des demoiselles en mini-jupes trop jolies pour être honnêtes , des décors cheaps, des animations de vaisseaux spaciaux encore plus cheaps, des maquillages d’extra-terrestre définitivement trop cheap. Bref, ça sentait la série TV rapidement filmée, bâclée, trop souvent rediffusée. Trop de paillettes, pas assez de blasters.

Alors que Star Wars c’était la cantina de Mos Esley, les SFX de Dykstra, le viril Harrisson Ford (nettement plus viril que William Shatner, y’a pas photo), des décors fabuleux, des méchants abominables, etc.

Et donc, à cette époque, aimer Star Trek, même chez les geeks, c’était mal (en France, car ce n’était pas le cas aux US où la communauté de fans de la série a toujours été exceptionnelle). C’était injuste (car Star Trek a bénéficié des meilleurs scénaristes de tout Hollywood), mais c’était ainsi.

Et puis, Star Trek a remplacé Star Wars dans le coeur du geek…

Un renouvellement incroyable de la série

En 1996, les français on pu découvrir sur Jimmy, les premiers épisodes  d’une nouvelle série : Star Trek Next Generation. Une série avec de nouveaux personnages inédits, de nouveaux méchants – très méchants (les borgs : du Clive Barker dans l’espace), de nouveaux effets spéciaux (il était temps), et toujours la même qualité scénaristique, mais surtout la mort des membres principaux de l’équipage. Chose impensable avant ! Ainsi dans cette série, tout était permis.

250px-jeanlucpicardUne nouvelle génération de treekkies naquit. Mais cette fois, elle marchait la tête haute, car Jean-Luc Picard était leur maitre à penser, et c’était bien autre chose que Kirk, car il était français le Picard (oui monsieur, un capitaine de Starfleet français !).

Et puis, Deep Space Nine est arrivé. La suite (se déroulant juste après) de la série Next Generation. Stupeur et consternation des nouveaux fans : celle-ci se déroule sur une station spaciale ! Et donc plus d’Enterprise, ce vaisseau indissociable de la série.

Et bien, croyez moi ou pas, mais pour ma part, je trouve qu’il s’agit peut-être de la meilleure des séries ST, remplie d’humour, d’action, d’émotion (j’ai pleuré plusieurs fois, mais le repetez pas), de sexe, d’effets spéciaux, et surtout d’immenses interrogations religieuses et politiques. Jamais une série TV n’était allé aussi loin dans des problématiques dites « sérieuses ».

Un véritable pari risqué, tenté et plus que réussit.

Une descente irrémédiable de la franchise Star Wars dans la simplification pré-mâchée pour grand public et pré-ados attardés

Et pendant ce temps là, Georges Lucas a tenté de rentabiliser au maximum sa franchise Star Wars. Il a donc pondu 3 films de science fiction mous et abrutissants pour mal-comprenants censés être les épisodes 1,2 et 3 de sa franchise.

Beaucoup de marketing, beaucoup de merchandising, et beaucoup de pepettes pour le père Lucas. Mais il a perdu les vrais geeks en passant (même si Nathalie Portman est plus jolie que Carrie Fisher, ça ne change pas la platitude des 3 films).

Jusqu’à faire n’importe quoi avec sa marque : Star Wars Week-end. Non, ça c’est pas geek !

Jusqu’à un film démentiel réconciliant geek et grand public

Et voilà que J.J. Abrams , le nouveau chouchou d’Hollywood, pourvoyeur de séries créatrices de communautés de passionnés, veut relancer Star Trek.

star trek spockHonnêtement, je craignais le pire. Je n’imaginais pas Zachary Quinto dans un autre rôle que celui de Silar, Chris Pine me semblait avoir une tête à claque et le battage médiatique autour du film me faisait craindre le pire (cf. Wolverine).

Et puis, les 4 premières minutes du film m’ont scotchées à mon siège (j’ai faillit pleurer, mais maintenant je me retiens, parce que ça ne fait plus sérieux) et je n’en suis pas sorti avant la fin. Drôle (Simon Pegg, qui aurait cru qu’il ferait Scotty ?), sexy (Zoe Saldana un choix idéal), émouvant, bourré d’action, de clins d’oeil scénaristiques à la série originelle, et même la présence de Leonard Nimoy (que je n’imaginais plus revoir dans un film). Bref, une réussite fabuleuse (et oui, Chris Pine a une tête à claque mais William Shatner aussi).

Et aujourd’hui Star Trek est partout

Après l’expérience de ce film, j’ai décidé de replonger dans l’univers de Star Trek (que j’avais laissé tombé depuis l’abominable série Voyager). Et ce fut assez facile, le wiki Star Trek Memory Alpha, m’a permis de retrouver tous mes repères dans cet univers complexe et évolutif.

Et quelle ne fut pas ma surprise de voir que Star Trek était partout sur la toile

Pour regarder où en est le marché des goodies et objets dérivés de l’univers sur Star Trek collectible, le site d’un fan, un vrai.

1890804171_2e3c17b3aa_mPour se rincer l’oeil sur les jolies demoiselles (et situations souvent coquines) des différentes séries sur la galerie de Poletti qui nous propose The Galactically Hot Women of Star Trek TOS. Et puis, pour ceux qui en voudraient encore plus, ils peuvent toujours aller voir les actrices en petite tenue sur Star Trek Nude.

Et si vous voulez retrouver un peu de sérénité, écoutez donc les podcast de l’Eglise de la première directive (Church of the Prime Directive),

Et pour avoir l’heure, installez-vous une widget Apple Dashboard qui donne la StarDate officielle de la Fédération (oui, elle est effectivement négative jusqu’au 1er janvier 2323).

Des fan fics plus nombreuses que des Ferengi à Hollywoods

Les séries alternatives (fan fics) dans l’univers de Star Trek sont légions. Nouvelles, romans, dessins, images retouchées (If Trekkies Ruled), les contenus générés par les fans débordent même de l’internet pour être vendus dans des magazines spécialisés, et autres clubs payants.

intrepid_star-trek

Je vous conseille néanmoins  Star Trek Intrepid (en VO) sur le net. Une série d’une qualité hallucinante pour un prix défiant toute concurrence, vu qu’elle est gratuite et donc librement téléchargeables sans vous faire chopper par Hadopi.

Mais allez faire un tour sur Star Trek Phase 2, un travail époustouflant, beau, émouvant, et complètement gay (mais revendiqué cette fois).

Bon, je ne vous parle pas des jeux vidéos, des continents entiers sur Second Life réservés à la série, des jeux de rôle (en ligne ou pas), et des communautés et forums de fans.

Aujourd’hui tout le monde aime Star Trek, et même le président le plus cool du monde est un Trekkie : Obama: First Trekkie President

Et le film dans tout ça ?

J.J. Abrams est un professionnel de l’utilisation du digital pour faire la promo de ses films. On l’a bien vu avec le buzz de Cloverfield qui a énormément fait pour sa réputation (le film en lui même étant plutôt bof).

Mais là, il s’est surpassé : un site splendide, une widget superbement réalisée (voir ci-dessus), un génial Kit de fan, une série d’icônes superbes, du buzz et des rumeurs diverses depuis un an, des envois en avant-première aux fans influents, etc.

Il démontre une fois encore qu’une campagne de publicité qui fonctionne est une campagne qui raconte une histoire (plusieurs en l’occurrence pour Star Trek). Et que le digital doit être aujourd’hui le coeur de la propagation de vos histoires de marque.

Alors on peut le crier très fort : J. J. Abrams est le publicitaire de demain; et les geeks sont ses nouveaux créatifs !

Live long and prosper J.J.

Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

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2 réflexions sur « [Mythologie du geek] Le mythe Star Trek »

  1. Une excellente parodie de Star trek, c’est Finlandais avec un budget dérisoire

    Dernier billet de Fulcanelli : Michelle Bachelet, présidente Chilienne au conseil régional à Dijon

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