Wolfenstein : 15 ans d’évolution du jeu vidéo

wolfensteinIl y a tout juste 14 ans  je soutenais mon mémoire de maitrise sur le sujet des jeux vidéos et de ses évolutions (passage à la 3D et au multi-joueurs). Car autant est-il facile aujourd’hui de parler du jeu vidéo (et de la publicité in-game), autant en 1995 les potentialités du jeu vidéo étaient ignorées par les ténors de la pub, de l’art, et même du divertissement, même si elles étaient ressenties par les jeunes geeks que nous étions alors (nous venions tout juste de recevoir la claque Doom, initiateur du genre FPS, et l’autre claque Warcraft, initiateur du genre RTS).

Mais avant Doom, il y eu Wolfenstein 3D. Je profite donc de la diffusion de la très belle bande annonce du prochain opus qui sort dans quelques semaines (et qui peut potentiellement m’enrichir si vous regardez la vidéo, donc n’hésitez pas) pour me pencher sur l’histoire et l’évolution de ce jeu mythique. Alors, si vous voulez en savoir plus sur Wolfenstein 3D, lisez la suite (après avoir vu la vidéo, hey)…

Wolfenstein_3D_title_screenLes origines de Wolfenstein 3D

Wolfenstein 3D a été créé par id Software et distribué en 1992 par Apogee Software. Il s’agissait d’un jeu en MS DOS (comme la plupart des jeux àl’époque, vous ne pensez pas que Windows 3.1 pouvait faire tourner quoique ce soit de trop gourmand en ressources quand même ? Ah, on me murmure que c’est toujours le cas avec Vista…) qui a été décliné sur de multiples systèmes (3DO, Super NES, Game Boy Advance, Acorn Archimedes, Atari Jaguar et Apple Macintosh) et qui continue encore aujourd’hui à être porté sur de nouvelles plateformes (Apple IIGS, Windows Mobile, PlayStation Network, Xbox Live Arcade, Wii et même l’iPhone).

Wolfenstein a été distribué en tant que shareware, ce qui permettait de le copier librement (une époque où le libre était un état d’esprit habituel sur Internet). La distribution shareware contenait 10 niveaux, ce qui était amplement suffisant pour vous donner envie de l’acheter – le jeu contenant en tout 60 niveaux. Une suite Wolfenstein: Spear of Destiny (appelée par les connaisseurs SoD) est sortie la même année, contenant 21 niveaux supplémentaires.

Le code source de Wolfenstein a été publié officiellement par id Software en 1995 sous licence libre (bravo les gars!). Si vous voulez récupérer le jeu originel, visitez la page Wolfenstein 3D de 3D Realms.

L’histoire de W3D

Wolf3d_pcLe héros de l’histoire s’appelle William « B.J. » Blazkowicz, un américain (d’origine polonaise soit disant) qui tente de s’enfuir d’un château bourré de nazis armés jusqu’aux dents (possédant même des bergers, forcément allemands). Il parcourt donc les couloirs interminables de cette forteresse, récupérant des munitions, des kits de survie, des trésors et de temps à autre, de nouvelles armes de plus en plus efficaces pour lutter contre la vermine nazie.

Évidement, il va se confronter à des boss plus ou moins costaux. Mais notre héros est le bien, et les méchants sont le mal, il a donc le droit – et même le devoir – de les exploser à la gatling sans aucune pitié.

La polémique Wolfenstein

Je ne vous parlerais pas de ce jeu, si ce n’était pas croustillant. Et effectivement, Wolfenstein a été à l’origine d’une controverse morale à cette époque. Forcément, on y voyait des nazis et des croix gammées partout (certains niveaux étaient même en forme de swastika). on y entendait même la chanson du parti nazi (Horst-Wessel-Lied) en thème musical. Le jeu fut de ce fait interdit en Allemagne en 1994 (les symboles nazis sont interdits en Allemagne).

On trouvait également dans le jeu un portrait d’Hitler bien caché (vidéo ci-dessous).

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=pKBnJSJQiOw[/youtube]

Pour ne pas faire de vagues, Nintendo a demandé de modifier la version SuperNES, et d’enlever toutes les swastikas et les références nazis. Le sang (omniprésent, quand vous tiriez sur des soldats) fut également remplacé par de la sueur, et les bergers allemands par des rats mutants (les employés d’IdSoftware ont trouvé ça très ironique de pouvoir tuer des gens et des rats, mais pas des chiens).

Vu de 2009, ces précautions étaient inutiles et imbéciles. On voit aujourd’hui des tonnes de GTA-like qui accumulent drogue, putes et moralité inversée dans leur gameplay, et qui nettoient leur conscience avec une petite mention PEGI sur leur boitier (un article sur la norme PEGI bientôt sur ce blog). Ce qui n’empêchera jamais un gamin de 7 ans de piquer le jeu à son grand frère, bien au contrire. L’éducation est toujours plus intelligente que la censure, mais le jeu vidéo faisait peur à cette époque, alors on le critiquait. Aujourd’hui il rapporte beaucoup d’argent, alors on l’excuse.

Les suites de Wolfenstein

wolfensteinQuand le jeu vidéo est devenu une industrie très rentable, les éditeurs ont commencé à faire les fonds de placard pour retrouver des licences connues utilisables. Wolfenstein 3D, jeu mythique mais également pauvre petit frère de Doom, fut choisis pour lancer une saga de FPS en 3D avec un scénario (ce qui manquait terriblement à cette époque dans les FPS).

En 2001, presque 10 ans après l’original, Return to Castle Wolfenstein (RtCW), est donc né. Mais cette fois, le moteur graphique était celui de Quake 3 Arena, c-a-d ce qui se faisait de mieux à ce moment. Evidemment, le jeu faisait la part belle à la nostalgie des joueurs pour l’original, puisqu’on pouvait, en activant une commande spéciale (cg_uselessnostalgia) remplacer la superbe 3D par l’interface et la 3D originale. Au niveau scénario, on y trouvait beaucoup de magie noire, d’allemands sorciers et un côté steampunk pas désagréable du tout.

En 2003, Wolfenstein: Enemy Territory un spinoff de RtCW en version multi-joueur seulement voit le jour. Rien à dire, à part qu’il s’agit d’une suite opportuniste très accés parties en réseaux (le point faible de RtcW).

Et voilà donc le dernier opus de cette saga : Wolfenstein (dont vous pouvez voir le trailer ci-dessus, allez, êtes-vous certains de l’avoir bien vu ?). Ce jeu est développé directement pour XBox 360, PS 3 et Windows par Raven Software (qui ont aussi développé Quake 4).

On a parle également d’un Wolfenstein RPG, un jeu de rôle basé sur l’univers de Wolfenstein et qui serait disponible sur mobile. Ils auraient pu essayer de le faire pour PC non ?

En conclusion, Wolfenstein n’est pas mort, il frag encore. Et l’on peut s’étonner de l’admirable longévité de ce titre. Mais quoi de plus étonnant, quand on offre à ses joueurs de réaliser leur fantasme extrême : latter la lie de l’humanité à grandes envolées de Gatling. A-ton fait mieux depuis ? Je ne crois pas et vous ?

Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

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4 réflexions sur « Wolfenstein : 15 ans d’évolution du jeu vidéo »

  1. Il y a 15 ans je jouais tellement à Wolfstein que j’en faisais des cauchemars ! Ah, les portraits du moustachu au mur et les « achtung! » avant d’entrer dans une pièce… Ce jeu m’a fait découvrir l’univers des FPS et le plaisir d’exploser de gros méchants :-) A suivre donc avec la sortie de ce dernier opus (ce sera la version PS3 pour moi, merci!)

  2. Ca donne quand même furieusement envie d’upgrader sa conf ça.

    Wolfenstein a limite accompagné mes pas à l’époque où je jouais. J’ai commencé avec le 3d et RTCW et Ennemy Territory sont des jeux que j’ai presque usé à trop y jouer :-)

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