Une étude très intéressante qui nous plonge dans les usages religieux, qu’ils soient prosélytistes ou non. Certes ça fait froid dans le dos, mais en vérité je vous le dis: si vous lisez cet article, vous avez de grande chance d’être vacciné. Amen. N’oubliez pas le denier du culte, merci.
Vous vous en doutiez à Noël et Pâques vous l’a confirmé : l’église c’est vraiment dépassé… Mais détrompez-vous, la religion n’est pas totalement déconnectée.
Elle investit même Internet depuis 1983 avec la création d’un forum Usenet sur la religion. Depuis 1997, le Saint Siège a son site et une webcam retransmet en directe les images de la place Saint-Pierre.
Un prosélytisme créatif
Les institutions religieuses redoublent de créativité digitale pour attirer les croyants à leur clocher. La preuve, la Community Christian Church de Chicago en est même allée jusqu’à surfer sur la vague Rebecka Black pour diffuser « Sunday », une parodie de « Friday ». C’est pas très chrétien ça de se moquer !
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=npgdw5Zb7TY[/youtube]
Autre annonce originale, par l’Église protestante de Suisse cette fois-ci. L’Eglise réformée de Lausanne a publié un avis de décès dans le 20 Minutes vaudois, invitant les lecteurs à la cérémonie du vendredi (saint).
Mes pérégrinations sur Internet m’ont permis de découvrir la page fans Jesus Daily, riche tout de même de près de 5 millions de membres. Le modérateur Aaron Tabor est très prosélyte, c’est le côté église qu’il veut retranscrire, n’est-ce pas ?
“Please « Like » at least 10 posts/comments daily because it will make Jesus Daily a powerful witness this week globally.”
Ce dernier est médecin et modère 4 pages Facebook, plus les comptes Twitter qui y sont liés. C’est pas humain ça !
L’ère de la cyber-religion
Tous les moyens sont bons pour gagner en visibilité, attirer des fidèles ou encore convertir. Les instances religieuses deviennent missionnaires dans ce nouvel espace. Face aux grandes institutions religieuses, de nombreux mouvements ancestraux, païens ou minoritaires émergent sur Internet. Avec l’algorithme de page rank, une secte peut alors apparaître comme plus légitime qu’un mouvement religieux reconnu.
Entre blog, podcast, offices en livestream, SMS de la parole du jour, forum, chatroom, FAQ, tests, communauté virtuelle avec avatar… Les instances religieuses utilisent les innovations technologiques et étudient le meilleur moyen d’attirer des fidèles et obtenir des dons. Et oui l’offrande est le point commun à toutes les religions, bizarre?
C’est toute une stratégie de communiquer sans paraître faire de la propagande. La cyber-religion est née ! Encore très Nord-américaine, cette activité se doit, selon Andrew Caraega, auteur évangélique américain, d’être interactive et asynchrone, de s’effectuer en réseau et d’inviter à la collaboration tout en s’inscrivant dans un environnement post-moderne, où tout est mis au même niveau, sans argument d’autorité.
Une faille dans la vision positiviste d’Internet
Mais, cette présence d’activité religieuse sur la toile remet en cause la toute puissance annoncée d’Internet. En effet, Internet était censé satisfaire toutes les interrogations de l’homme en lui donnant accès à une source d’information infinie et venue des quatre coins du monde. Internet était annoncé comme inscrit dans la continuité positivisme enclenché au milieu du XIXe siècle et qui est à l’origine soi-disant de la fin des religions. Que fait donc Dieu/les dieux ici ? La connaissance absolue ne satisfait pas l’Homme, c’est bien connu pourtant ; et dès l’histoire de la pomme.
Dans l’immensité, l’Homme cherche un sens. Telle une bouteille à la mer, il lance des cris sur les moteurs de recherche : « god where are you » (1 million de requêtes mensuelles), « help me god » (40 500 requêtes mensuelles), « what is god» (165 000 requêtes mensuelles), « bible »(16 600 000 requêtes mensuelles).
Cette recherche sur la toile, univers anonymisé, où la conséquence d’une requête est minime et peu engageante, révèle les tabous d’une société. En effet, en France, la religion est rarement un sujet de conversation entre amis et encore moins entre collègue, à part pour s’en moquer et sortir des blagues graveleuses sur le sujet. Où parler de ses questions existentielles ? Certains consulteront un psy, d’autres éluderont ces questions qui font peur et plongeront vers l’avant. La dernière solution pour quelqu’un qui n’est pas pratiquant, c’est d’envoyer ces mots / ses maux via Internet. Et si Dieu existe, une voix répondra !
En espérant que la bouteille échoue chez quelqu’un de bien intentionné.
juste pour troller « usages […] prosélytistes » dans l’intro => « prosélytes » serait plus correct.
my 2 cents
A part ca, sur le fond :
« En effet, Internet était censé satisfaire toutes les interrogations de
l’homme en lui donnant accès à une source d’information infinie et venue
des quatre coins du monde. »
La présence de la religion et de toute ses composantes sur le web (toutes religions, tous courants, modérés comme radicaux) montre juste que l’accès à l’information ne fait pas éducation, et que l’information est multiple. Les points de vue exposés par les sites religieux sont de l’information, et le net y donne accès, la logique n’est pas brisée. C’est croire que le simple accès à une masse d’information peut faire office d’éducation qui est douteux.