Rien ne va plus dans la blogosphère

Dans la plus pure tradition de l’invité éditorial, voici cette semaine Régis D. qui nous parle de sa passion des blogs ou plus sérieusement de la dérive mercantile de ce nouveau moyen d’expression. Un bien bel article qui résume correctement la situation. Vas-y Régis, mords-les ! (Cyroul)

Non, je ne vous parlerai pas ici de la fermeture du regretté blog de Versac, mais de la propension croissante des marques à essayer, depuis maintenant de nombreux mois, de s’attirer les bonnes grâces des blogueurs dits « influents ». Et chacune de tenter le coup du siècle avec des « opérations blogueurs », des « RP blogs » et autres dispositifs de communication alternatifs, pour le meilleur et pour le pire.

Hélas, bien souvent pour le pire…

Il fallait s’y attendre…

Pourtant, ce n’est pas comme si des signaux d’agacement n’avaient pas déjà été lancés.

Il y a longtemps déjà : Embruns et son ton délicieusement sarcastique ont balayé d’un revers de la main la demande maladroite du jeune « Julien » de BETC pour Ebay. Mry s’en prend régulièrement aux agences de « buzz » qui viennent le solliciter. Plus récemment Samuel a tiré à boulets rouges sur un concours organisé par Canderel et mobilisant un petit nombre de blogueuses ; un billet provoc, au ton incisif et forçant volontairement le trait sur le machisme de l’auteur qui a déchaîné la furie de ces dames…

Même la mairie de Paris utilise le blogueurinfluent

Pendant ce temps, sur les blogs, c’est un climat de défiance qui s’instaure insidieusement. Le clivage est désormais consommé entre ceux qui ont choisi d’afficher clairement leur « connivence » avec une marque – au risque de se faire traiter de vendus – et ceux qui poursuivent leur ligne éditoriale sans mot dire – au risque de susciter des soupçons au sein de leur lectorat.

Certains diront que ce biais se retrouve de manière quasi similaire chez les journalistes, inondés de communiqués et de cadeaux presse. Or justement, un(e) blogueur(se) n’est pas un journaliste, et si j’ai choisi de lire un blog de fille plutôt que le Biba du mois de juillet, c’est justement parce que 80% des pages du deuxième ressemblent à des publirédacs et parce que le premier m’apporte de la fraîcheur, de l’authenticité, le tout sur un ton non professionnel et en suivant une ligne éditoriale qui lui est propre (i.e dégagée des contraintes d’image des annonceurs).

Le mot « blogueurinfluent » n’est pas un sésame magique

Qu’il n’y ait pas de méprise : loin de moi l’idée de critiquer le concept même d’association entre marques et blogs, et loin de moi l’envie de m’en prendre aux blogueurs qui acceptent de jouer le jeu pour des opé foireuses – ces derniers, il suffit de ne plus les lire.

Bien au contraire, lorsque le projet est judicieusement organisé et, surtout, légitime, alors il peut être extrêmement efficace et servir la marque sans que les blogueurs ne se voient voués aux gémonies et sans que leur lectorat ne s’en trouve lésé. Après tout, le but d’un dispositif « blogueurs » n’est pas de faire gagner un voyage au Maroc à une blogueuse ni de se faire démolir sur toute la Toile – même si c’est devenu monnaie courante, et dans la plupart des cas à juste titre. Le but d’un dispositif de ce type, c’est avant tout d’instaurer un dialogue intelligent entre la blogosphère et la marque, une relation constructive et permettant de l’interaction si possible.

C’est une vision que certains clients (et agences) ont apparemment oubliée, tellement ils sont désireux de se faire citer par le « blogueurinfluent », et prêts à tout pour obtenir un nombre satisfaisant de billets parlant de leur marque (eh oui, le fameux indicateur de performance bien trop souvent mis en avant par les agences!).

En ces temps de remous agités sur la blogosphère, on peut donc légitimement se le demander, à l’instar de Fred Cavazza ou encore de Bruno Walther : dans combien de temps les blogueurs cesseront-ils de déchaîner les passions et d’obséder clients et annonceurs ? Dans combien de temps certaines agences auront-elles compris que cela ne sert strictement à rien pour une marque de solliciter des blogueurs influents si le dispositif est mal pensé et ne s’y prête pas ? Et dans combien de temps cette controverse autour des blogs et des marques cessera-t-elle d’envahir le web pour laisser enfin place à de nouveaux usages et pratiques ?

Espérons que cela sera pour bientôt car il faut bien se l’avouer : il y a des sujets de discussion sacrément plus excitants à lancer sur le web. Vivement 2009 !

Régis D

Author: Maud

14 thoughts on “Rien ne va plus dans la blogosphère

  1. Damned, du spam japonais, on me l’avait jamais fait celle-là !.
    Mince, je devrais l’orienter sur Pingoo, c’est un site de marketing ici, pas érotique…
    Néanmoins cette application me semble idéale pour ceux qui fantasment sur les petites japonaises (absolument pas garantie sans spyware, troyens et virus).

  2. Hi!
    I saw your name at UNIALOCK user’s blog list!
    Because I found the great application for iPhone
    from same country Japan, I thought you may be interested
    in these…..try it!

    It is called « bijoCal » and everyday it introduce a new
    beautiful Japanese girl through, daily in weekdays.
    I am thinking to produce a community among whom
    interested in this….. do you like to join me?

    PC:http://www.bijogoyomi.com/
    iPhone:http://www.bijogoyomi.com/iphone.html

    by emiko

  3. le blogueur, influent ou non, reste libre de publier ou pas les contenus fournis par les marques.

    Lorsque l’on passe du temps à produire du contenu pour des lecteurs, on peut aussi en tirer profit un minimum. C’est assez facile ensuite, de venir moraliser en culpabilisant ceux qui passent un billet sponso de temps à autre.

    Cette espèce de dictature, les dix commandements des blogueurs (édités par une majorité de non blogueurs d’ailleurs), et qui te précise ce que tu peux, ce que tu dois et ce qui t’est interdit… c’est un peu comme la pensée unique.

    Personnellement, j’en ai marre de ceux qui en ont marre de la pub (voir mon article ici : et qui en la stigmatisant oublient trop vite que sans elle beaucoup de choses leur seraient plus chères ou deviendraient payantes.

    Enfin, concernant les agences de comm et autres communicants de tous poils, la blogosphère n’est qu’un satellite de plus dans la constellation des solutions qu’ils doivent mettre en oeuvre dans leur boulot.

    Qu’on s’en effarouche me paraît quelque peu surprenant… n’y aurait-il pas là plutôt une manifestation de jalousie, d’égoïsme ou d’incompréhension la plus totale du business model principal du web ?

  4. Très vrai pour Strat et CB (juste après avoir écrit l’article, j’ai eu le bonheur de parcourir le dossier spécial « Blog business » de Strat, gentiment émaillé de pubs pour ces plateformes mettant en relation les annonceurs et les blogueurinfluents. No comment).

    Mais justement, je me dis que c’est à nous de faire le job auprès des dircoms, et qu’on est en partie là aussi pour leur expliquer notre vision – et si possible essayer de les convaincre ! Sacré challenge…

  5. Bien vu Samski.
    Et ce qui est d’ailleurs très drôle, c’est que le temps que le blogueurinfluent devienne connu en passant dans Stratégies, il n’est plus influent, lâché par ses anciens lecteurs pour cause de nullité de billets (et partis pris publicitaires).
    Donc les dircom miseront toujours sur les mauvais chevaux.

  6. Stratégies et CB, vous ne les lisez pas, parce que vous êtes des digital addicts abonnés à 300 flux d’infos.

    Le problème, c’est qu’aucun dircom français ne sait ce qu’est Netvibes. (j’exagère un peu, mais citez m’en un :). En revanche, ils sont tous abonnés à Strat’ ou CB.

    CQFD, on ne vend pas du blogueur parce que ca rapporte, mais parce que le dircom a vu des tronches de cake dans Strat ou CB.

  7. Perso je ne les ai jamais vraiment lus ni l’un ni l’autre.
    Je regarde la créa du jour sur stratégies.fr
    Et le seul exemplaire de strat’ que j’ai c’est celui où g ma gueule dedans. :/
    et le seul truc que j’attends c le hit cb news pour voir ce qui se fait.

    mais netvibes est tellement plus actualisé qu’il est sûr que ces deux magazines ne servent qu’à décerner des étoiles aux agences ( faut bien s’autocongratuler) et c’est une visibilité pour les créatifs quand ils veulent sortir de l’anonymat.

    A quand les blogs de pub ou de marketing qui décernent de réels prix?
    Ils auront, à mon avis, au final plus de valeur que ceux des jurys actuels formés de potes de potes du microcosme des pubards parisiens. mais c’est un autre débat…

    Sinon pour la bière et les frites, c’est quand tu veux.

  8. Tu dis ça parce que tu sais bien que je ne me vendrais jamais à une marque (sauf si elle vend du cinéma, des livres, de la bière ou des frites).

    Mais qui lit encore Stratégies ou CBNews en dehors de ceux qui veulent voir leur nom dedans ?

  9. tiens, j’ai oublié de vous mentionner cet intéressant point de vue à lire pour comprendre l’intérieur de l’opé Délicéo :

    :)

  10. hello,
    Le propos de Bruno Walther sur son blog est intéressant et remet les choses à leur juste proportion. Le problème, c’est que tant que Stratégies fera des dossiers à 1euro sur les blogs, le dircom de la moindre boite de transport B2B se dira : »putain, il me faut des blogueurs ».

    Après, s’ils en veulent, ya qu’à leur en vendre.

    Faire du ciblé, du relationnel de qualité ça coûte 10k€ pour parler à 5 blogueurs en prenant le temps.

    C’est plus facile de vendre 10 posts à 250 €uros en publi-rédac dont tout le monde se tape pour parler de la pierrade Téfal ou de la gamme Loréal Pro pleine de pétrole et testée sur des singes Bonobo et des prisonniers politiques tibétains.

  11. euh…c’est quoi le bespoking?
    sinon , sympathique tour d’horizon de la blogosphère. je suis d’accord sur le fait que « corrompre » la fraîcheur d’un blog à coup de marques c’est triste parce ça devient presque systématique.

    malgré cela, je trouve que c’est dangereux aussi de créer une nouvelle éthique anti-opération marketing systématique.

    Je trouve d’ailleurs que des bons bloggeurs, ( ex:gaduman ou jenesaispas choisir) accros aux concours marketing, même les plus débiles sont importants pour pouvoir juger du bien fondé d’une opération et pour pouvoir taper sur ses organisateurs quand il le faut, en gardant un point de vue amusé et extérieur. C’est, à mon avis, les retours de bâtons des bloggeurs qui payeront et qui forceront les marques et les agences à modérer leurs propositions et à les étudier plus profondément avant de solliciter. Pour éviter de devenir pour les internautes une « mauvaise » marque.

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