L’ego au centre des stratégies de marque

La question de l’ego sur Internet est cruciale pour les agences pub, et ce, depuis plusieurs années. En 2005 déjà il a bien fallu expliquer l’engouement des internautes pour la création de blog. Vers 2006, il a fallu comprendre comment fonctionnaient les blogueurs « influents » pour pouvoir eux aussi les influencer. Mais c’est en 2008, année des réseaux sociaux, que les premières études sur l’ego et la représentation de soi ont commencé à envahir les agences de pub.

Nota: Enfin, quand je parle d’agences de pub, je parle des agences qui avaient une longueur d’avance. Car en France, les grosses agences de publicité commencent juste, en 2011, à transformer leurs planners stratégiques en planners digitaux, ou à recruter des web strategists pour pallier le manque de compétences digitales en interne (c’est le moment où jamais de trouver du boulot dans la pub, les stagiaires).

Ceci-dit, la compréhension des ressorts psychologiques de l’internaute est indispensable pour les agences. Mais comment faire ?

L’étude de l’ego, indispensable pour les digital marketer

Proximity BBDO (ils devraient définitivement changer de nom, on est en 2012 les gars c’est terminé les compets d’acronymes entre agences des années 80) vient  de sortir une très bonne étude : Séduire le Social Super Ego. Ils ont aussi sorti une application Facebook anecdotique mais plutôt marrante.

Je vous conseille vivement la lecture de ce livre blanc qui permet de structurer un peu mieux notre approche de ce sujet complexe. Car non le social super ego ne concerne pas seulement quelques influents, mais aussi vous (ou ça le sera bientôt) et tous ceux que vous connaissez. bref, tous les consommateurs potentiels.

Et oui, nous en sommes aux prémisses du SCRM (Social CRM), défendu par Brian Solis, et qui positionne le consommateur au centre des stratégies de marque.

Alors certes, il n’y a pas tout dans cet ouvrage (très court). Mais c’est pour l’instant l’un des plus intéressants et structurants de ma collection. Planners stratégiques (ou digitaux), ne le ratez pas (disponible ici en PDF).

En attendant il n’y a pas que des études, il y a aussi des outils qui nous permettent d’appréhender l’internaute.

Des outils de comparaison de l’ego : tu l’as vu mon gros ego ?

Des outils se créent chaque jour pour mesurer votre empreinte digitale. Mais il est intéressant de voir que ces outils sont passés petit à petit d’une mesure d’influence pure à une mesure plus complexe de l’individu lui-même. On ne mesure plus la taille de votre empreinte digitale, mais plutôt sa forme.

Voici rapidement, un comparatif de quelques outils de mesure de l’ego, basés sur Twitter (il y en a d’autres qui mesurent d’autres choses).

Klout (rime avec choucroute)

L’un des outils les plus utilisé par les twitteurs est Klout. Celui-ci vous donne un score sur 100, basé sur :

  1. le niveau d’influence de votre réseau,
  2. la probabilité d’amplification de vos messages
  3. et le véritable impact de vos tweets.

Ce score est intéressant dans la mesure où il ne se base pas exclusivement sur le nombre de followers, mais plutôt sur l’analyse de votre activité.

Mais le plus utile est sans doute la matrice qui positionne votre propre façon de tweeter. Klout va en effet vous positionner dans un des profils : Curator, Broadcaster, Taste Maker, Celebrity, Syndicator, Feeder, Thought Leader, Pundit, Dabbler, Conversationalist, Socializer, Networker, Observer, Explorer, Activist, Specialist en fonction de votre ligne éditoriale.

C’est assez bien fait car cela vous permet de mettre en place une stratégie d’évolution (ou pas) de votre façon de tweeter (fréquence, public, etc.).

Twitalyzer (rime avec panzer)

Twitalyzer fait dans le simple, en vous donnant uniquement votre Impact Score. Celui-ci étant calculé à partir de votre nombre de followers, votre fréquence de publication, et des RT et autres citations que l’on peut vous faire.

Cet impact est appuyé par un pourcentage de qualité du profil par rapport aux profils étudiés dans la base de twitalyzer.

Il vous donne également votre Type d’Influent dans les 5 que stockent l’appli : EveryDay Users, Reporters, Social Butterflies, Trendsetters, Thought Leaders.

Twittergrader (rime avec tracteur)

Twittergrader vous donne une note sur 100 et un rang parmi leur base (9,5 million de comptes). D’après eux, le rank est basé sur le nombre de followers, l’influence de ces followers, les mises à jour, et l' »engagement » du compte.

Une note et un classement… On se croirait à l’école hein ? Et c’est là le danger de ces outils de mesure de son ego. Vont-ils nous mesurer ou nous influencer ?

Le danger : attraper le complexe du petit ego

Le  Sunday Times vient de sortir The Social List aujourd’hui. Ce service vous permet d’établir un classement de votre « valeur » sociale digitale. Comme à l’école, vous allez maintenant avoir un classement qui va vous accompagner dans vos pérégrinations digitales.

Vous n’allez plus jamais surfer innocemment sur la toile. Maintenant, vous aurez un objectif, même inconscient, qui changera votre comportement d’internaute. Votre objectif : augmenter votre note, votre rang, votre « valeur » digitale donc votre valeur en tant qu’individu ancré dans la (post)modernité. En quelque sorte, devenir le plus gros ego de la cours de récréation (ou de la salle de classe). Personnellement je déteste les classements. Ceux-ci ne bénéficient qu’à ceux qui ont compris les règles. Et ces règles sont faites par ceux qui créent les classements. Or qui a le recul nécessaire pour comprendre les règles du digital ?

Alors même si ces outils sont indispensables pour comprendre la psychologie d’un « influent », qu’il soit twitteur, blogueur ou facebookeur, ils ne sont en aucun cas dignes de confiance. Rien ne vaudra l’étude à la mano d’un profil quel qu’il soit. La « valeur » d’un internaute n’est pas, et ne sera jamais appréciable par une machine. Seules les sciences humaines et sociales (SHS) nous permettront de comprendre l’internaute. D’où l’utilité d’un livre comme celui de proximity BBDO ou encore la démarche de Curiouser avec son interview de Antonio Casilli (et il y en aura d’autres).

Non, mais vous croyez vraiment qu’une machine pourrait analyser un être humain ?

Author: Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

4 thoughts on “L’ego au centre des stratégies de marque

  1. Si l’influence est la nouvelle monnaie du web, alors les outils d’analyse de l’influence sont les ….bourses du web ? Aïe, nous voilà devenu des marchandises hahahaha. Vendre son corps était le plus vieux métier du monde, voilà qu’on vend son âme à présent.. Faust où es-tu ? Merci pour l’article Cyroul en tous cas c’est intéressant. Je vais me pencher sur ce livre blanc :)

  2. « Non, mais vous croyez vraiment qu’une machine pourrait analyser un être humain ? »

    Certains programmes utilisés par les cabinets de recrutement arrivent à des résultats assez impressionnants. Généralement on rejette les conclusions au premier abord car ça ne nous plait pas (voir nos mauvais côtés n’est jamais agréable), mais avec un peu de recul, leurs conclusions sont assez proches de la réalité.
    Bien-sûr il faut un être humain derrière tout cela pour interpréter les résultats.

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