Comment nettoyer l’internet pour les enfants ? (1/2)

Les parents ont forcément un sujet qui revient toujours sur la table entre la poire et le fromage : l’Internet et les enfants. Pour les aider, voilà quelques arguments, synthèse des conversations que j’ai pu avoir sur ce sujet avec des parents assurés, stressés, inconscients ou simplement dépassés par les nouveaux usages du réseau des réseaux. Un article long que j’ai découpé en 2 parties (la deuxième semaine prochaine).

Des études sans rigueur méthodologiques ont pu nous apprendre dernièrement que 48% des enfants vont voir des sites que les parents auraient désapprouvés ; ou pire, que les enfants regardent du porno en ligne dés l’âge de 6 ans !  Mais heureusement , McAfee et Bitdefender sont là pour aider à les parents à dialoguer avec leurs enfants grâce à des logiciels permettant aux premiers de surveiller ce que font ces derniers (du dialogue NSA-style).

bebe-internet

Et même les marques s’y mettent avec des campagnes bien lénifiantes à destination des parents attardés. Unilever et son « CIF the web«  une application à destination des parents permettant de virer les URL indésirables (non, pas celles qui contiennent de la publicité, celles qui contiennent le mot « boobs » – zut, ça y est, je suis blacklisté chez eux). Et évidemment, ces études et de campagnes sont relayées par les mauvais journalistes et autres blogueurs-RP trop heureux d’avoir du SEO sur le mot « pornographie » sans en faire.

Une campagne bien débile pour des parents dépassés
Une campagne bien débile pour des parents idiots. T’as un blog = tu tournes dans un porno.

Seulement ces études et campagnes pourries n’ont qu’un seul objectif  : faire peur aux parents dépassés, pour leur vendre quelque chose. Les conséquence sont la mauvaise appréhension d’Internet par les parents, puis par l’enfant, qui deviendra une victime évidente.

Car le danger d’Internet pour les enfants est réel, il ne faut pas le nier. On y trouve énormément de pornographie (notamment dans la publicité), beaucoup d’individus malsains qui vont tenter d’abuser de vous (financièrement ou physiquement), et moults sociétés sans scrupules présents pour vous faire cracher votre argent.

Alors est-il possible de nettoyer l’internet ? Ou plutôt, comment faire pour assurer à nos enfants un surf digital sain et pérenne ? Pour y répondre, voilà un petit guide de réponses personnelles à destination des parents qui se posent des questions.

Mais pourquoi l’enfant tombe sur des contenus inappropriés sur Internet ?

D’après l’étude naze de Bitdefender (le défenseur de bite, ben bravo) citée plus haut, l’enfant irait consulter en priorité de la pornographie (12%), puis il irait sur des sites e-commerce (11%), puis sur des sites de partage (sic), des réseaux sociaux et enfin il irait consulter des sites haineux (3%).

Des résultats qui ne servent strictement à rien. Car ce qui est important n’est certainement pas la destination, mais comment et pourquoi ces enfants sont allés sur ces sites.  Et si l’on analyse ces parcours, on ne détermine que 5 façons pour qu’un enfant tombe sur des contenus inappropriés :

  1. Une recherche directe sur un moteur plus ou moins spécialisé (« boobs« , « nabila », etc..)
  2. Un contenu inapproprié intégré à l’intérieur d’une publicité (bannière ou vidéo) sur un site inoffensif
  3. Un lien inapproprié (volontaire) dans un contenu texte
  4. Un contenu inapproprié contextuel (plus ou moins involontaire) à côté d’un contenu inoffensif
  5. Une discussion qui dérape sur un réseau social (chat, forum, etc.)

Voyons les différentes stratégies à utiliser pour contrer ces différents scénarios.

1/ Une recherche directe

Une seule règle : si votre gamin veut voir du porno, il en verra. Moi même, je n’ai pas attendu Internet pour voir des femmes nues alors même que je n’avais pas la chance d’avoir un décodeur Canal+. Certes vous allez me dire que c’est plus facile de voir du porno aujourd’hui qu’hier à cause de l’Internet. Oui, mais faire ses courses en ligne c’est aussi plus facile. Ca s’appelle le développement de l’humanité et c’est inéluctable (et ceux qui vous disent le contraire veulent se faire élire).

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Le porno sur Internet lui fait tourner la tête

Alors certains pensent interdire la pornographie sur Internet (le parlement Européen y songe et le premier ministre britannique le fait ). Ca a l’air magnifique sur le papier (celui des tabloïds payés pour l’écrire) mais dans les faits, ça ne fonctionnera jamais.  Car vous pensez vraiment qu’en interdisant le porno sur Internet, vos gamins vont arrêter pour autant de se branler ?

Si vos gamins veulent voir du porno ils trouveront de nouvelles solutions : les SMS/MMS qui vont s’échanger, les serveurs privés dont les URLS circuleront en douce à la récré, les hackerbox porno publiques, etc… Bref, tout un tas de nouvelles solutions pour se mater du porno sans aucun contrôle, accroissant encore plus l’incompréhension entre les parents et les enfants, et les dangers de voir des trucs vraiment intolérables pour ces derniers.

Non, la seule solution pour que vos enfants n’aillent pas chercher de la pornographie sur Internet c’est qu’ils n’en aient pas besoin. Mais celle-là nécessite une véritable communication entre parents et enfants (et une bibliothèque érotique fournie). Une réponse permanente à toutes leurs questions. Du genre :

Car si vous répondiez à leurs questions, ils ne seraient peut-être pas obligés d’aller chercher les réponses sur Internet (ou dans la cour de récré, quel est le pire ?)…

2/ Du contenu inapproprié dans une publicité

Votre enfant est là, tranquille sur son site de jeu d’habillage de mode, quand soudain, paf, la bannière de pub qui clignotait de façon inoffensive en proposant d’élargir le penis de votre fille, montre une femme dévêtue lui demandant de chatter avec elle. Argh ! Que faire ? Oui comment faire pour éviter que vos enfants ne voient un contenu inapproprié dans une publicité ?

Car la publicité est dangereuse pour les enfants

Si la publicité des adultes est déjà dangereuse, la publicité pour enfants, elle, devrait être strictement interdite. Car un enfant ne fait pas encore la différence entre la réalité et la fiction. Bernard Stiegler parle de puérilisation des enfants et surtout du caractère indélébile qu’une publicité peut laisser dans la tête d’un gamin. C’est en grandissant, en multipliant les expériences, qu’il sera capable (ou pas) de développer un sens critique nécessaire à la lecture publicitaire  (lire le cri du coeur La publicité violente nos enfants).

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What Has Been Seen Cannot Be Unseen

Au Québec, la loi sur la protection du consommateur interdit aux entreprises de produire de la publicité à but commercial destinée aux enfants de moins de 13 ans. La publicité de produits pour enfants est permise uniquement si elle s’adresse aux adultes. Je ne sais pas si ces règles sont respectées.

En Suède, la loi interdit toutes les publicités destinées aux enfants de moins de 12 ans sur les chaînes de télévision. Un bien beau pays où l’on accorde plus d’importance aux enfants qu’au développement économique…

En France en revanche, nous avons le décret du 27 mars 1992, sur la protection des enfants annonçant que la publicité télévisée « ne doit pas porter un préjudice moral ou physique aux mineurs en ne les incitant pas directement à l’achat d’un produit ou d’un service, en exploitant leur inexpérience ou leur crédulité, en ne les incitant pas directement à persuader leurs parents ou des tiers d’acheter les produits ou les services concernés, en n’exploitant pas exploiter la confiance particulière qu’ils ont dans leurs parents, leurs enseignants ou d’autres personnes.  »

Bref, un joli texte de loi complètement subjectif permettant de faire passer n’importe quelle pub tant qu’aucune association ne porte plainte. Ce n’est donc pas l’Etat (Français) qui va garantir que votre gamin ne deviendra pas un adepte de la pub.

Alors il faut apprendre vous-même aux enfants à ne pas croire la publicité !

Et pour réussir ce tour de force (car la publicité parle plus que vous : entre 1200 et 2200 messages par jour), il va vous falloir vous redresser les manches. Mais c’est aussi ça être parent responsable.

A/ Couper le son pendant les pubs TV amène les enfants à être beaucoup plus critiques. Ils ne sont en effet plus fascinés par le  matraquage sonore qui leur paralyse le cerveau. Et ça peut se transformer en très bon moment d’improvisation familiale où toutes les « exagérations » publicitaires peuvent devenir amusantes.

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photos-non-contractuelles.fr compare la pub avec la réalité

B/ Analyser la publicité avec votre enfant. Pointer du doigt les mensonges à chaque publicité outrancière croisée dans le métro, sur la route, ou à la radio. Car non, la figurine en 3D qui jette des éclairs dans la pub, quand on l’achète en vrai elle ne jette certainement pas d’éclairs. Il est donc primordial que votre enfant, très jeune, commence à faire la différence entre la magie de la pub et la réalité. Ca lui servira toute la vie.

C/ Ne pas valoriser les « modèles » publicitaires.
A partir de 10/12 ans
(ou plus tôt si vous n’êtes pas trop à la maison), votre enfant va s’identifier à des personnes hors du foyer (stars de la musique, acteurs, personnages fictifs, etc.). Cette étape de différentiation est importante,  mais elle peut être catastrophique si le modèle est mal choisi (Nabila ou un autre crétin de téléréalité, etc) . Et hélas, critiquer une personnalité marketée à laquelle votre enfant s’identifie ne fonctionnera pas. Au mieux on vous prendra pour un jaloux, au pire pour un vieux con. la seule façon d’éviter une identification à des modèles désastreux est donc de décrire la réalité sordide de cette industrie ce qui se passe en dessous.

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Tu vois cette femme à poil en 4/3 dans le métro ? Et bien, comme elle n’a pas fait d’études, elle montre ses boobs pour manger. Et pire que tout, elle s’est faite photoshoper pendant 3 jours, et ça c’est pas très beau comme métier de se faire photoshoper. Et ce mec là si baraqué dans la pub, le pauvre doit passer 5h par jour en salle de muscu, ce qui ne lui laisse pas beaucoup de temps pour lire. Et l’autre là, aux proportions incroyables ? Regarde bien sur les côtés, tu vois, ça a été retouché par ordinateur.

Certes ce n’est pas très beau de se moquer des figurants publicitaires, ou des gens qui font des slogans idiots, mais est-ce qu’eux se gênent pour se balader à poil devant eux en prenant des poses suggestives ? Je n’ai donc pas trouvé mieux pour préserver ma gamine et éviter qu’elle aussi n’ai envie un jour de se transformer en princesse en écartant les jambes.

Alors toutes ces actions ne seront que quelques gouttes de sagesse dans l’océan de conneries publicitaires qui attend votre enfant jusqu’à la fin de sa vie.  Mais l’important est qu’il comprenne très tôt que des gens vont vouloir lui vendre quelque chose en jouant avec la réalité/vérité. Et donc qu‘il devra tout le temps être attentif et continuer à développer son esprit critique en permanence.

Fin de cette première partie. J’espère que ça vous a plu, et éventuellement aidé. La seconde partie concernera les solutions à apporter pour éviter le lien inapproprié dans un contenu texte, le contenu inapproprié contextuel  ou la discussion qui dérape sur un réseau social.

Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

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8 réflexions sur « Comment nettoyer l’internet pour les enfants ? (1/2) »

  1. Je relance ce sujet et suis 100% d’accord avec Lilindey.
    Le porno sur internet ce n’est pas ce que s’était avant.
    Les site de cul foisonne, comme des véritable supermarché.
    Aujourd’hui en moins de trois clics avec le mot clef « vidéo porno »(qui n’est pas très compliqué à imaginer tout seul par un enfant de CM2-j’ai appris mes meilleurs gros mots dans la cour de récré à cet age la-) sur google je tombe sur un transexuel qui sodomise un jeune homme. Sans parlé des vidéos ouvertement pédophile ou incestueuse (dieu merci les acteurs sont majeurs :D, OUF) qui se trouve par milliers, de belles productions très professionnelles. On exécute nos gosses tout simplement pour que des débiles ai le droit de jouer en californie.
    Il sera toujours possible de trouver du matériel pornographique, dieu merci, la vie se découvre à tout age, mais mis en scène de cette manière c’est une boucherie. J’ai un peu honte pour le redacteur de l’article, les patents ne pourront jamais tout expliquer à leur enfants, c’est à nous d’ exiger de nettoyer internet. Se branler devant un ordinateur n’est pas de la libération sexuel. 90% du materiel que l’on trouve sont des mises en scène de viol. Même les adultes deviennent taré devant de la violence érotique. Lire SADE ce n’est pas se branler devant une fillette qui suce son papa!

  2. Regarde bien sur les côtés, tu voix, ça a été retouché par ordinateur.
    =====================> tu vois ça n’a pas été corrigé par un correcteur orthographique informatique ….

  3. Oui je partage tout ça… pour la pub, AdBlocker + est un bon moyen : à installer partout.
    Par ailleurs, c’est vrai que si un enfant veut voir du porno, il en verra, mais ça n’est quand même pas plus mal de limiter Google et Yahoo en utilisant leurs filtres. Certes, ce n’est pas très efficace, mais ça évite que nos enfants aillent aussi voir du porno à un moment où il cherchaient autre chose….

  4. La publicité sur internet ne cible-t-elle pas l’utilisateur ? (Minus les pubs youtube qui me paraissent très random, mais c’est peut être parce que je les regarde toutes, voir plusieurs fois si je les trouve intéressantes)

    Je vais faire ma vieille réac’, mais je pense que le problème de l’enfance et de la pornographie débute bien avant internet. [Attention : passage traditionnel du « c’était mieux avant »] Quand j’étais plus jeune, les kiosques et marchands de journaux ne mettaient pas les magazines pornographiques à niveau des yeux des gamins. Maintenant, on les voit même sur les devantures. Alors oui, comme tout gamin, je les cherchais des yeux parce que c’était interdit, mais j’avais justement conscience de cet « interdit » de ce coté « privé ». Et je crois que comme tout gamin, j’ai fini par mettre la main sur un magazine pornographique d’un de mes parents et par le lire… Bon, je ne comprenais pas tout, je gloussais comme une pintade devant les images et les photomontages (kudos à celui qui m’a marqué : Dana Scully entrain de se faire prendre contre un mur par un alien vert -à comprendre : un mec à poil super musclé dont on a changé la couleur de la peau sur photoshop ou autre logiciel du même type- ).

    Cependant, je pense que le fait d’isoler un peu les magasines et le fait de le cacher, même si on venait y chercher l’interdit, contribuait à ce que la sexualité reste quelque chose de privé et de mystérieux. A l’heure actuelle, c’est juste complètement banalisé et les appels au sexe sont légions. C’est un code normal et vendeur. Un peu comme ce site que je viens de découvrir http://jeconnaisunvioleur.tumblr.com/ où je veux bien mettre ma main à couper que les trois quarts des témoignages sont écrit par la rédaction ou par la personne qui tient le tumblr. Un site pour les victimes ? A peu près aussi tentant que d’avoir une libraire sur le viol et encore une belle façon d’excentrer les victimes en faisant un sujet grave pour faire pleurer les foules. Un site pour faire de la vue et voyeuriste.

    Je pense que tu l’as très bien souligné, le problème du porno, il est d’abord à la maison. Ce n’est pas que dans la communication, c’est aussi dans l’exemplarité des parents. Si l’on tombe tous un jour ou l’autre sur ses parents entrain d’avoir une activité fortement agréable, parfaitement anti-stress et facteur de reproduction parfois, exposer de façon répétée un enfant à un contexte sexuel va l’amener à se poser des questions… et quoi de mieux qu’internet pour aller chercher des réponses ?

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