Dépucellage digital de Paco Rabanne

On peut toujours se demander à quel moment précis une marque commence à véritablement s’installer sur Internet. Attention, pas « s’installer’, je ne parle pas de faire un site web dédié à un produit avec un budget d’achat d’espace.

Non, s’installer sur le territoire Internet, ou encore se digitaliser, signifie toucher et discuter avec ses publics (consommateurs, futurs consommateurs ou prescripteurs de ces consommateurs). Toucher et discuter, c’est à dire : parler, échanger, communiquer, établir un rapport (plus ou moins de confiance), une discussion entre la marque et ses publics. Là on est très très loin de la bannière de pub, du billet sponsorisé ou même du seeding (envoi d’échantillon ou produit à des blogueurs corrompables). Bref, tout ce que vous ne verrez pas dans le grand prix Stratégies digital (mais je m’égare).

Et je trouve toujours très émouvant la première opération de digitalisation d’une marque. De la peur, du tâtonnement, de l’envie mais aussi de l’inexpérience. Bref, un véritable dépucelage. Et là j’ai été invité au dépucelage digital de Paco Rabanne (la marque, j’imagine que l’homme, lui, n’en est plus là). Alors je vais vous le conter (z’avez vu le suspens ?)…

Paco Rabanne n’existait pas sur la toile

paco-rabanne-requete-google

Voilà qui va certainement faire hurler la marque (et ses investisseurs) : « Quoi ? Mais si, on a suffisament investi sur Internet pour être présents!« 

Et oui, on ne peut nier que la marque est présente quand on fait une requête « Paco Rabanne« . Seulement en regardant les 20 premiers résultats, on n’y trouve quasiment que de l’information « froide » : des infos produits, des infos sur la bio de Paco, des vidéos youtube (captage TV).  L’information « chaude » se bornant à un article sur prevensecte (datant de l’époque où Paco faisait des prédictions, car oui, Internet a une longue mémoire).

Alors doit-on dire que Paco Rabanne, c’est chiant sur Internet ?

Non, car heureusement, depuis dimanche, deux nouveaux résultats sont apparus : une liste d’articles de blogs sur Wikio et un article sur l’invitation reçue par Mister Jukebox qui ne pouvait y aller.

Car Paco a décidé d’exister sur la toile. Et il a mis le paquet Paco (oui, je sais, c’est nul, mais j’avais envie).

Alors Paco a décide d’exister

Première étape pour commencer à se digitaliser : trouver des gens à qui parler.

Ces gens peuvent être vos consommateurs , ou encore des prescripteurs (des influents quoi). Là, Paco Rabanne a décidé de parler à des influents, c’est à dire des blogueurs.

Sauf qu’un blogueur, ça s’attrape pas avec du vinaigre. Le blogueur est sans cesse flatté, aimé, encensé, par les marques. Il faut donc réussir à le faire venir sans forcément dérouler le tapis rouge (ou pire la limousine).

Alors chez Paco (et leur partenaire dont je ne citerai pas le nom parce que Naël m’a dit qu’il fallait pas), ils ont eu une très bonne idée dont on parle ici : Vinyle d’invitation et aussi ici : Paco Rabanne se met à faire du Buz. Ca a titillé la fibre de curiosité du blogeur curieux. Et ça a marché.

Les gens sont venus pour voir un évènement organisé par Paco Rabanne autour de la musique. Etape numéro 1 réussie.

Deuxième étape : proposer une expérience immersive

blackxs

Ca tombait bien, Paco Rabanne avait quelque chose à fêter : la sortie du site blackxslivesound.com, site dédié à la musique électronique, grande absente sur le web français. Paco Rabanne a donc sorti un site permettant aux DJs français de présenter et faire découvrir leurs talents. Le site sort bientôt et on nous promet du live, des concours, et des cadeaux (lire cet article).

Mais bon, lancer un site, ça suffit pas pour faire un évènement sympa. Alors Paco a décidé de vraiment faire vivre sa marque autour d’un évènement qu’il a voulu gay, décadent et musical. Nous avons donc eu les trois. Des serveurs juvéniles en Marcels blancs, (faux) tatouages et chaines autour du cou. De charmantes hôtesses à moitié habillées qui se promenaient avec champagne ou sucreries. Un contest de DJs dans le vent (dont un pote 4TrakZ qui a tout raflé parce que c’est le meilleur). Tout ça dans une atmosphère de BlackXS, parfum caramélisé et entêtant, qui donne envie de se laisser aller toute la nuit.

On a pu également se faire tatouer, boire à volonté, recevoir quelques cadeaux (je vous en reparlerai, car je pense à mes lecteurs), se faire photographier avec les hôtesses (et Anne-Sophie), voter pour son DJ préféré, manger de la cuisine moléculaire préparée sous mes yeux stupéfiés (Vanksen nous avait déjà fait le coup, mais je suis épaté à chaque fois). Nous ne nous sommes pas ennuyés.

paco

Alors certains n’ont peut-être pas trop apprécie le côté « décadent » de la soirée. Je ne sais si Romain (l’auteur de ce twit) a été content ou pas, et pourtant nous étions exactement dans l’univers de la marque. Et puis ce n’est pas parce qu’on est polonaise, blonde, à moitié à poil en talons hauts et qu’on mesure 2 m qu’on est forcément une pute.

Bref, de la démesure à la limite de la dérision. Mais n’est-ce pas l’esprit même de Paco Rabanne ?

Et ça lui réussit, car Paco existe maintenant sur Internet

Et oui, on peut aller vérifier chez Wikio, mais enfin on parle autrement de Paco Rabanne sur la toile (quel intérêt les défilés ou autres prédictions astrologiques pour moi, consommateur de base ?).

D’ailleurs certains blogeurs ont commencé à parler de la soirée :

On peut donc dire qu’il s’agit d’une première experience réussie. J’imagine que Paco est content et qu’on peut lui prédire un grand succès sur Internet si il continue (oui, je sais, celle-là aussi était facile mais bon).

Author: Cyroul

Explorateur des internets et créateur de sites web depuis depuis 1995, enseignant, créateur de jeux, bidouilleur et illustrateur. J'écris principalement sur les transformations sociales et culturelles dues aux nouvelles technologies, et également sur la façon dont la science-fiction voit notre futur.

6 thoughts on “Dépucellage digital de Paco Rabanne

  1. @RomINk @littlewings
    En fait je ne pense pas que l’objectif ultime de cette soirée ait été de parler du site, mais qu’au contraire la marque était là pour faire ses premières armes digitales, pour rencontrer un public inconnu. Et dans cet objectif là, la soirée était réussie.

  2. Merci pour le lien :)
    Et bravo pour l’analyse… de mon côté je l’ai joué moins pro (j’avoue), même si j’ai notifié les Marcels blancs ;)
    Je trouve aussi que la communication dans la soirée sur le site était moyenne, on a pas vraiment retenu le nom du site, et à la sortie, reçu un parfum… où est le rappoort ? Enfin pour ma part gens sympas+champagne = bonne soirée
    A une prochaine en tout cas :)

  3. Je rejoins RomINK sur tous les points qu’il a évoqué (sauf sur le speaker que j’ai trouvé très pro pour ma part). C’est vrai qu’associer une marque (de cosmétique qui plus est) à un site « musical », j’y crois moyen…

  4. Dépucellage, le mot est bien choisi !
    Pour moi, la première partie de l’opération a été bien menée :
    L’invitation, personnalisée, était originale, le teaser bien fait.
    Par contre, sur place, le discours de la marque était haché, inaudible, voire inexistant : impossible de consulter le site dédié, d’avoir une présentation du projet digne de ce nom, + speaker limite comique…
    Je te rejoins complètement sur 4tracks, il a sauvé vraiment les meubles !!!
    Enfin, je trouve l’idée d’une plate forme pertinente mais continue de penser que le site est beaucoup trop brandé pour apporter une crédibilité aux artistes.

  5. Cool ton billet Cyril ! Moi c’était en ce qui concerne la cuisine moléculaire que j’ai fait mon dépucelage. ^^
    Au plaisir de te recroiser !

    P.S. 4TrakZ ça s’écrit sans ‘c’. ^^

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